Retour des combattants terroristes étrangers. Quels enjeux sécuritaires existent pour la paix et la stabilité mondiale?


Etude Scientifique, 2020

16 Pages


Extrait


Table des matières

Introduction

I. Combattants terroristes étrangers : qui sont-ils ?
1. Contexte historique
2. Contexte actuel : combattants djihadistes en Syrie

II. Incidents violents associés au retour des combattants étrangers djihadistes
1. Incidents en Afrique
2. Incidents en Europe

III. Menaces réels
1. Recrutement de nouveaux combattants (volontaires)
2. Capacités opérationnelles de perpétrer des attaques

IV. Réactions gouvernementales
1. Elever les niveaux de la menace terroriste
2. Mesures préventives

V. Options des combattants étrangers
1. Possibles options des combattants étrangers
2. Schéma récapitulatif des options des combattants étrangers

VI. Solutions pour la paix et la stabilité en Afrique
1. Approches générales et recommandations
2. Programmes de réintégration
3. Mesures répressives

Conclusion

Bibliographie

INTRODUCTION

Ce sujet a une grande dimension politique et sociale. Dimension politique parce que ce sont les instances politiques, et donc les autorités politiques qui sont habileté à prendre des mesures pour que le retour des combattants terroristes étrangers ne constitue pas une menace pour la paix et la sécurité dans leurs pays d’origine. Une dimension sociale car il s’agit de la sécurité des populations civiles et militaires si on entend effectivement le terrorisme comme étant de la violence préméditée et perpétrée contre les combattants et non combattants, pour atteindre des objectifs politiques. En effet, les terroristes aujourd’hui utilisent des modes opératoires différents qu’il y a 10, 15 ou 20 ans. Nous voulons indiquer ici que l’un des principaux défis du terrorisme est que c’est un phénomène extrêmement complexe, qui change constamment. En clair, le terrorisme et contre-terrorisme de maintenant diffère de ce que nous connaissions il y a quelques années.

Notre sujet traite de la problématique relative au retour des combattants terroristes étrangers dans leurs pays après avoir été formé à l’art de la guerre et pratiqué le combat. Les questions suivantes nous intéressent : d’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Déjà il convient de spécifier que le phénomène de combattants étrangers a resurgi avec l’émergence de l’Etat Islamique en 2011 où plusieurs combattants de plusieurs nationalités distinctes décident de voyager pour aller combattre le régime du président Bashar Al-Assad en Syrie après l’éclatement de la guerre civile syrienne mais également pour l’insurrection contre le gouvernement Iraquien.

Avant de continuer dans cette introduction en donnant des statistiques, il convient de préciser que nous avons décidé de circonscrire notre travail aux combattants terroristes étrangers qui deviennent une préoccupation sécuritaire en Afrique du nord notamment en Tunisie, nous aurons donc une approche comparative dans cette analyse en comparant cette question aux défis sécuritaires de l’Europe. Nous procéderons de cette façon car en Afrique noire, la question du retour des combattants terroristes étrangers vers leurs pays d’origine n’est pas aussi factuelle qu’en Afrique du nord et en Europe. En d’autres termes, il n’est pas documenté qu’en Afrique noire des terroristes ayant abandonné le combat et la violence dans un pays étranger soient revenus dans leurs pays d’origine. L’enjeu ici ne consiste pas à examiner toutes les organisations terroristes qui gangrènent le monde et le continent africain, mais plutôt d’étudier la menace que pourrait constituer ceux qui étaient au combat en Syrie, en Iraq ou même en Lybie une fois de retour chez eux.

En ce qui concerne les chiffres, on estime qu’en 2016 il y a eu 30.000 combattants étrangers en Syrie, donc 60% viennent du Moyen-Orient et d’Afrique, 35% sont Européens, des Balkans et des anciens Etats de l’Union Soviétique. Le pays qui a le plus grand nombre de combattants terroristes étrangers qui se battent du côté de l’Etat islamique est la Tunisie avec 6000 combattants ; 2.500 sont de l’Arabie Saoudite, 2.400 viennent de Russie et 2.000 sont de la Turquie et de la Jordanie. En Europe occidentale, il y a 1.700 qui sont d’origine française, 800 qui viennent de l’Allemagne et du Royaume-Uni, 500 de la Belgique et 270 des Pays-Bas. De l’autre côté de l’Océan Atlantique, en Amérique du Nord, 150 combattants viennent du Canada et des Etats-Unis. Et à part cela, nous avons 100 d’Australie et 100 de l’Indonésie. On a aussi des combattants de Madagascar, du Japon et du Brésil, c’est donc un phénomène mondial. Bien-sûr tous ces chiffres sont des estimations1.

Ces données statistiques nous amènent à relever les interrogations ci-après : en quoi le retour des combattants terroristes étrangers pourrait-il représenter une menace pour la paix et la stabilité mondiale ? De retour à leurs pays d’origine, les combattants terroristes étrangers s’engagent-ils inévitablement dans la violence en perpétrant des attaques contre leurs propres gouvernements ou concitoyens pour les intérêts d’une organisation terroriste ? Ou peuvent-ils choisir le désengagement de la violence en se réintégrant dans la société et en abandonnant leur vision radicale du monde ?

A la fin de cette étude, nous serons à mesure de donner des réponses à ces questions. Nous ne pouvons pas aborder une problématique comme celle des combattants terroristes étrangers sans pouvoir faire une bonne présentation de ces derniers dans un contexte historique et actuel.

I. COMBATTANTS TERRORISTES ETRANGERS : QUI SONT-ILS ?

1. Contexte historique

Le phénomène de combattants étrangers en Syrie et en Iraq fait la une des journaux dans le monde entier. Leur engagement dans le combat dans ces deux Etats et leur participation active dans les atrocités commises par des groupes djihadistes tels que « l’Etat islamique »2 et Jabhat al-Nusra3 a provoqué une grande inquiétude et une forte réaction du public dans les pays d’origine des combattants étrangers. En particulier, la décapitation de James Foley, exécutée par un combattant étranger d’origine britannique, et des incidents similaires ont affecté la manière dont le grand public, les hommes politiques et les décideurs considèrent la menace du terrorisme et l’extrémisme religieux.4

Le phénomène de combattants étrangers ne date pas d’aujourd’hui. Au cours de l’histoire, il y a eu plusieurs exemples de conflits où on a assisté à la présence des combattants étrangers, que David Malet définit comme « des personnes qui ne sont pas originaires des Etats en conflit et qui prennent part à une révolte ou rébellion lors des guerres civiles ».5 Un exemple bien connu d’un mouvement de combattants étrangers organisé est celui de ceux qui combattirent dans la guerre civile espagnole. On estime à environ 35.000 le nombre de combattants non espagnols ayant rejoint la Brigade Internationale pour combattre au côté du Gouvernement Républicain contre les Nationalistes conduits par le Général Franco. Ce qu’on ignore c’est que le côté de Franco attira aussi quelques milliers de combattants étrangers.6

Selon Malet, tous les exemples historiques des combattants étrangers ont ceci en commun : l’idée d’une identité transnationale qui connecte les individus et les groupes d’individus aux communautés étrangères, et le besoin perçu de soutenir les membres frères de cette communauté quand elle est menacée.7 Il existe quatre vagues de combattants terroristes étrangers, et la vague actuelle est la quatrième. La première vague est celle qui a combattu l’invasion soviétique en Afghanistan et ces combattants sont devenus les frères d’armes d’Osama ben Laden, étant particulièrement motivés par le zèle religieux. La deuxième vague était souvent des élites expatriées du Moyen-Orient qui partirent en Occident pour étudier dans des universités, ils ont rejoint les camps d’entrainements d’Al-Qaeda en Afghanistan dans les années 90. Ils étaient principalement motivés par la souffrance des musulmans en Bosnie, au Kashmir et aux Philippines. Ils se sont portés volontaires pour aller rejoindre ces zones de combats. La troisième vague des combattants étrangers est celle résultante de l’invasion de l’Iraq en 2003 par les Etats-Unis. Cette agression étatique a fait resurgir une nouvelle vague de radicaux, irrités et décidés de prendre les armes pour combattre l’oppresseur américain.8

2. Contexte actuel : combattants étrangers en Syrie

Comme nous l’avons indiqué plus haut, nous sommes dans la quatrième vague de combattants terroristes étrangers et cette vague a commencé en 2011, à cause de la révolte syrienne. : un certain nombre de manifestations en 2011 et en 2012 qui se sont transformées en une guerre civile entre d'une part, le régime d'Assad et de nombreux opposants qui veulent se débarrasser de ce régime. Mais de nombreux étrangers ont également rejoint la Syrie pour s'y battre ; c'est ceux qu'on appelle les combattants étrangers. Et d'après un rapport du Soufan Group publié en juin 2014, pas moins de 12000 combattants originaires de 81 pays ont rejoint ce conflit civil. Par conséquent, la problématique des combattants étrangers fait la une des journaux à cause de cette nature internationale, mais en particulier à cause du fait que c'est une guerre civile très sanglante, causant beaucoup de victimes, de personnes tuées, de réfugiés, etc. Ajoutons à cela la peur que certains de ces combattants étrangers puissent revenir dans leurs pays d'origine et également y provoquer des troubles.9

La plupart d'entre eux ont rejoint des groupes djihadistes, liés ou inspirés par Al-Qaïda. Et leur agenda est plus que de simplement essayer d'aider des groupes locaux à renverser le régime d'Assad. Certains d'entre eux, et en fait nombre de ces groupes ont un agenda plus ambitieux, ils veulent établir un État islamique. Leur agenda est également de punir ou d’attaquer des puissances qui soutiennent ce qu’ils appellent des régimes infidèles ou corrompus, y compris les pays comme les Etats-Unis. En conséquence certains d'entre eux partent en tant qu'individus, mais ils reviennent dans le cadre d'un réseau plus large et certains pays craignent que ces combattants reviennent au pays pour y perpétrer des attaques. Les gouvernements sont également préoccupés par les problèmes potentiels liés au nombre probablement élevé de rapatriés traumatisés : de nombreuses personnes sont parties en Syrie alors qu'elles n'y étaient pas préparées, ont vu des choses horribles, ont peut-être pris part à des choses horribles, ou étaient spectateurs. Et ils peuvent être victimes de syndromes de stress post-traumatiques. Cela pourrait conduire à toutes sortes de violence, à la dépression, au suicide, et à d'autres développements inquiétants qui ne pourraient se produire que plus tard.10

II. INCIDENTS VIOLENTS ASSOCIES AU RETOUR DES COMBATTANTS ETRANGERS DJIHADISTES

1. Incidents en Afrique

Il ne s’agit pas ici de répertorier les attaques terroristes qui ont eu lieu sur le continent ces dernières années, mais d’identifier des possibles attaques perpétrées par des combattants étrangers qui sont retournés dans leur pays d’origine et qui se sont engagés dans la violence, mettant en évidence leur formation au combat, c’est-à-dire à la guerre, mais surtout leur familiarité à la violence. Comme nous le disions en introduction, la Tunisie est le pays qui a le plus de combattants étrangers en Syrie (6.000), mais le cas spécifique de violence que nous abordons ici est une exception car il s’agit plutôt d’un combattant étranger qui est rentré de la Lybie après avoir y été recruté, radicalisé, formé et mobilisé pour la violence.

En Tunisie, des Européens et d’autres occidentaux ont été victimes d’attaques perpétrées par un combattant djihadiste. En juin 2015, un homme tua des touristes en tenue de bain à la plage près de la ville tunisienne de Sousse. L’attaque a tué presque quarante (40) personnes, dont la plupart étaient des touristes européens, y compris trente (30) ressortissants britanniques11. On pense que le responsable de l’attaque, Seifeddine Rezgui, a été formé comme combattants étrangers avec des militants islamistes en Lybie12. Et quelques mois auparavant, en mars 2015, deux assaillants sont entrés dans le musée du Bardo à Tunis tuant 22 personnes, entre autres 20 touristes. On pense également que les assaillants ont été formés sur le maniement des armes en Lybie tout comme Rezgui, et bien entendu, l’Etat islamique a revendiqué l’attaque même s’il n’y a pas suffisamment de preuves pour établir cette responsabilité.13

Ces incidents violents montrent clairement que les combattants terroristes étrangers représentent une menace pour la sécurité et la paix en Afrique lorsqu’ils sont de retour dans leur pays d’origine. Ce cas révèle le caractère imprévisible que représente ce phénomène car il semble que les autorités tunisiennes n’aient pas pris des mesures préventives pour contrer ce genre d’attaques. Il est vrai que répéter de telles attaques n’est pas facilement envisageable aujourd’hui à cause des politiques contre-terroristes prises par les autorités après ces événements. Il ressort de ces cas spécifiques que le phénomène de combattants étrangers ne doit pas être traité avec légèreté, au risque de se faire surprendre comme les autorités tunisiennes.

2. Incidents en Europe

La première attaque violente liée à la montée récente des combattants djihadistes européens fut perpétrée par Mohamed Merah, un français âgé de 23 ans d’origine algérienne. Le 11 Mars 2011, il fusilla un parachutiste français dans la ville de Toulouse. Quatre jours plus tard, 3 autres parachutistes sont fusillés dans la petite ville de Montauban, deux d’entre eux vont mourir. Merah a continué cette campagne de violence lorsqu’il entra dans une école juive à Toulouse le 19 mars, tuant le rabbin de l’école et 3 petits enfants. A la suite de trois jours de chasse à l’homme, Merah a été brutalement tué par les forces de l’ordre. Merah était sur les radars des services de renseignement français à cause de sa visite au Pakistan et en Afghanistan en 2011. Mais Merah a prétendu qu’il y était allé pour des vacances lorsque la police l’avait interrogé quelques temps avant les incidents. Pendant les affrontements avec la police, Merah a avoué qu’il voulait mourir comme un mujahideen (martyre) et qu’il appartenait à Al-Qaeda. Même si son lien avec Al-Qaeda n’a pas été établi, son cas a été interprété comme un combattant étranger devenu violent après son retour dans son pays d’origine14.

A partir de 2012, des arrestations de ce genre vont suivre, soit pour empêcher que des personnes se rendent aux champs de bataille djihadistes ou d’éviter que les combattant qui rentrent de Syrie ou d’Iraq ne lancent des attaques en Europe. Entre juin et septembre 2013, neuf personnes furent arrêtées en Espagne, soupçonnées d’appartenir à un réseau spécialisé dans l’envoi de volontaires en Syrie pour combattre aux côtés de Jahbat al-Nusra et l’Etat islamique15.

III. MENACES REELS

1. Recrutement de nouveaux combattants (volontaires)

On ne peut pas nier que le retour des combattants terroristes étrangers représente une menace factuelle que les services de renseignement et de sécurité doivent traiter avec la meilleure attention. En effet, une des missions d’un combattant étranger de retour dans son pays d’origine , selon les instructions de l’organisation à laquelle il appartient, pourrait être de recruter des volontaires en faisant de la propagande, donc le recrutement de nouveaux combattants pour les intérêts de l’organisation. Et pour ce faire, il devra utiliser plusieurs stratégies, l’une d’elles est d’inviter ses amis de depuis toujours à aller en Syrie en prenant en charges tous les frais du voyage, tout le financement nécessaire ; les volontaires n’auront rien à débourser pour s’y rendre. Il convient d’indiquer ici qu’en général, les voyages pour la Syrie ou l’Iraq ne sont pas directs, souvent les combattants ou volontaires transitent par la Turquie avant de s’y rendre.

Il est aussi plus facile de recruter ses amis d’enfance que de recruter des inconnues même si cette option n’est pas exclue. Après le recrutement, les combattants étrangers peuvent débuter le processus de radicalisation des volontaires, même si ce dernier est complété en Syrie ou en Irak. Rappelons quand-même que les différentes étapes d’un combattant étranger sont : le recrutement (accepter d’être volontaire), la radicalisation (idéologie, lavage de cerveau, enseignements), la formation (l’art de la guerre, le combat, le maniement des armes) et la mobilisation pour la violence. La difficulté est que souvent les recruteurs, donc les combattants étrangers ont des ressources financières non négligeables et donc sont nuisibles pour la paix et la sécurité.

2. Capacités opérationnelles de perpétrer des attaques

Un autre danger de retour chez eux, est que les combattants étrangers ont pour la plupart les moyens de fabriquer une bombe, ils savent comment frapper, quand frapper et où frapper surtout lorsque leur pays d’origine n’a pas encore implémenté des politiques antiterroristes. Un seul combattant étranger à lui seul peut représenter une menace de sécurité majeure. D’après le rapport d’Europol « les combattants qui reviennent peuvent utiliser leur formation, leur expérience militaire, leurs connaissance et contacts à des fins d'activités terroristes à l'intérieur de l'Union européenne ». Le Ministre allemand de l’Intérieur a estimé que les vétérans djihadistes syriens revenant en Europe après avoir été formés dans ce qu'il a appelé « travaux manuels meurtriers » seraient « des bombes à retardement ».16

Prenons le cas de la Tunisie, qui compte 6000 combattants étrangers actifs en Syrie et en Iraq. En fait, c'est le contingent le plus important et un petit pays comme la Tunisie compte autant de combattant étrangers que l'Union européenne. Le ministre tunisien de l'Intérieur, en février 2014, a déclaré ce qui suit : « Nous avons réussi à empêcher près de 8000 personnes d'aller en Syrie. Nous ne disposons pas des chiffres exacts par rapport à ceux qui sont revenus, mais ils sont estimés à environ 400. Nous les suivons de très près. Nous avons mis en place une base de données. Ils sont assez formés, ont assez d'expérience, et doivent être surveillés».17

IV. REACTIONS GOUVERNEMENTALES

1. Elever les niveaux de la menace terroriste

Jusqu’ici les Etats en proie à la menace terroriste, en particulier au retour des combattant étrangers ont pris des mesures, l’une de ces mesures est d’élever le niveau d’alerte de la menace terroriste en déployant les force de sécurité et de défense autour des endroits stratégiques des villes et des lieux de rassemblements comme les cinémas, supermarchés, universités, lycées, collèges etc. En effet, les gouvernements et les services de renseignements européens sont particulièrement inquiets à propos des combattants étrangers qui retournent en Europe. Plusieurs pays européens ont donc élevé leurs niveaux de menace dus aux inquiétudes relatives au niveau de radicalisation de ces combattants de retour de Syrie. Dans cet ordre d’idées, en août 2014, les services de renseignements britanniques ont affirmé que le niveau de la menace terroriste est passé de substantiel à extrême. En Belgique, le niveau de la menace a fluctué en réaction à des évènements nationaux tels que l’opération anti-terreur à Verviers et Liège en janvier 2015. Et au Danemark, le Centre de l’analyse de la terreur, en réponse aux attaques djihadistes de février 2015 à Copenhague, a affirmé que la menace terroriste au Danemark est importante et que ceux qui reviennent de la Syrie et de l’Iraq représentent une menace de sécurité pour le Danemark du fait des compétences qu’ils ont acquises.18

2. Mesures préventives

Elever le niveau de menace sécuritaire et exprimer des inquiétudes sur la possibilité que les combattants terroristes étrangers soient capables de mener des attaques en Europe n’a pas pu empêcher l’avènement d’incidents violents. A la suite de ces évènements, les hommes politiques, les praticiens et experts ont montré leur détermination à défendre la société et ses valeurs. Souvent d’autres mesures étaient annoncées ayant pour objectif de minimiser la répétition d’une attaque terroriste et d’empêcher les gens de voyager pour la Syrie, l’Iraq ou d’autres zones de combats. Les mesures qui étaient prises allaient de la confiscation des passeports et la traque des combattants étrangers qui revenaient de Syrie, à des mesures plus soft comme avoir des bonnes relations avec les communautés musulmanes locales.19

En ayant des bons rapports avec ces communautés, plusieurs Etats de l’UE ont aussi pris des mesures individuelles contre l’islam radical et des scènes djihadistes. En Belgique, la menace de la propagande des idées racistes, extrémistes et subversive par des citoyens revenant de la Syrie a été freinée en combinant des mesures préventives, proactives et répressives. Des mesures ont également été prises pour enrayer les activités des facilitateurs et distributeurs de la propagande djihadiste (à la fois en ligne et offline), des refus de visas à des prêcheurs musulmans étrangers qui incitent à la haine et à la violence et faire obstruction aux messages djihadistes par des prêcheurs de l’islam radical. En France, les autorités ont pris des mesures contre des mosquées et des leaders religieux incitant à la haine, en rapatriant au moins 22 personnes entre 2012 et janvier 2015.20

V. OPTIONS DES COMBATTANTS ETRANGERS

1. Possibles options des combattants étrangers

L’intérêt ici c’est de voir si les combattants étrangers une fois de retour dans leur pays d’origine optent à tous les coûts pour la violence. Une réintégration pacifique dans la société semble envisageable. En effet, certains combattants étrangers sont loin de continuer leur radicalisation une fois de retour, cela est peut être dû au fait qu’ils aient eu une expérience contraire et retournent désappointés et rejettent leurs visions djihadiste du monde acquises en zones de combats à l’étranger. Cette catégorie de combattants étrangers pourrait devenir des contre-activistes en faisant entendre leurs voix contre leurs anciens frères d’armes. De tels combattants pourraient être une ressource cruciale pour contenir la radicalisation et dissuader des potentiels combattants étrangers ayant l’intention de rejoindre des zones de combats à l’étranger.21

[...]


1 Bakker, E. Foreign Fighters in Syria Who are they and why do they go ? in Terrorism and Counter-terrorism: Comparing Theory and Practice. The Hague, Netherlands: Leiden University, 2017.

2 « Etat islamique » aussi connu comme Etat islamique en Iraq et le Levant (EIIL), Etat islamique en Iraq et en Syrie (EIIS), ou par son équivalent arabe « Daesh ».

3 Jabhat al-Nusra est une organisation affiliée à Al Qaeda, qui a été désigné comme organisation terroriste par plusieurs Etats, parmi lesquels les USA et les Nations Unies.

4 Bakker, E and Roy van Zuijdewijn, J . Jihadist Foreign Fighter Phenomenon in Western Europe: A Low Probability, High-Impact Threa t. International Center for Counter-terrorism – The Hague, ICCT Research Paper, October 2015, p. 1.

5 Malet, D. Foreign Fighters. Transnational Identity in Civil Conflicts, (Oxford: Oxford University Press, 2013), p.9.

6 Bakker, E. and Roy van Zuijdewijn, J . Ibid, p. 3.

7 Malet, D. Ibid.

8 Sageman, M. Leaderless Jihad. Terror networks in the twenty-first century. Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2008, pp. 48-50, 140.

9 Bakker, E. Why is it Making Headlines in Terrorism and Counter-terrorism: Comparing Theory and Practice. The Hague, Netherlands: Leiden University, 2017.

10 Bakker, E. Opcit

11 “Tunisia Attack: The British Victims”, BBC News, July 10, 2015, http://www.bbc.com/news/uk-33300776.

12 T. Parfitt and R. Perring, “Tunisia Gunman Trained at SAME Libyan Terror Camp as Bardo Museum Attackers”, Express, 30 June 2015, http://www.express.co.uk/news/world/587728/Seifeddine-Rezgui-Tunisia-terror-attack-Saifallah-Ben-Hassine-Fighting-Group-London.

13 F. Karimi, T. Lister and G. Botelho, “2 Tunisia Museum Attack Suspects Got Weapons Training in Libya, Official Says”, CNN, 20 March 2015, http://edition.cnn.com/2015/03/20/africa/tunisia-museum-attack/.

14 L. Smith-Spark, “Who Was French Gunman Mohammed Merah?”, CNN, 23 March 2012, http://edition.cnn.com/2012/03/21/world/europe/france-shooting-suspect-profile/. 23 Europol, TE-SAT 2013 – EU Terrorism and Trend Report, 25 April 2013, https://www.europol.

15 Bakker, E and Roy van Zuijdewijn, J., Opcit, p. 4.

16 Bakker, E. Foreign Fighters A Threat in Terrorism and Counter-terrorism: Comparing Theory and Practice. The Hague, Netherlands: Leiden University, 2017

17 Ibid.

18 Bakker, E. and Roy van Zuijdewijn, J. Ibid, p. 7-8.

19 C. Paulussen and E. Entenmann, “Addressing Europe’s Foreign Fighter Issue: Legal Avenues at the International and National Level”, Security and Human Rights, vol. 25, no. 1. (2015), pp. 86-118.

20 A. Morrison, “Europe Terror Threat: France Deports 40 Imams for ‘Preaching Hatred’, Interior Minister Says”, International Business Times, 29 June 2015, http://www.ibtimes.com/europe-terror-threat-france-deports-40-imams-preaching-hatred-interior-minister-says-1987822.

21 Farish A. Noor and James M. Dorsey, “Responding to the Islamic State’s Foreign Fighters: Retribution or Rehabilitation”, RSIS Commentary, No. 176 , (2014).

Fin de l'extrait de 16 pages

Résumé des informations

Titre
Retour des combattants terroristes étrangers. Quels enjeux sécuritaires existent pour la paix et la stabilité mondiale?
Université
( Atlantic International University )
Cours
Contre-terrorisme
Auteur
Année
2020
Pages
16
N° de catalogue
V912217
ISBN (ebook)
9783346227249
ISBN (Livre)
9783346227256
Langue
français
Annotations
Cette analyse scientifique permet de comprendre la problématique relative aux combattants terroristes étrangers. C'est un outil scientifique et académique destiné aux étudiants, chercheurs et même aux instances gouvernementales. C'est donc le fruit de recherches approfondies et peut être considéré comme un guide
Mots clés
retour, terroristes, attentats terroristes, djihadistes, combattants étrangers, incidents violents, options des terroristes étrangers, paix et sécurité, programmes d'intégration, Mesures préventives
Citation du texte
Dr. Jean Cédric Obame Emane (Auteur), 2020, Retour des combattants terroristes étrangers. Quels enjeux sécuritaires existent pour la paix et la stabilité mondiale?, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/912217

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