Littérature et musique. Le slam est-il de la littérature?


Dossier / Travail, 2014

16 Pages, Note: 2,0


Extrait


Table de matière

1. Introduction

2. Qu’est-ce que la littérature ?
2.1 Définition
2.2 Historique du mot littérature
2.3 Les critères de littéralité
2.4 Les genres littéraires

3. Le définition du slam
3.1 Historique du slam
3.2 Tentatives de définition
3.3 Les règles de la scène slam

4. La reprise du mythe de Roméo et Juliette par Grand Corps Malade
4.1 Quelques mots sur l’œuvre
4.2 Continuité
4.3 La rupture avec Shakespeare

5. Conclusion

Bibliographie

1. Introduction

Арраш dans la ville de Chicago vers la fin des années 1980, le slam est un genre musical urbain qui est en train de faire son chemin. Bien connu en Europe et en Amérique, il est en train de s’imposer de plus en plus en Afrique et particulièrement chez les rappeurs. Mais se posent des questions relatives entre autres à la nature de ce mode d’expression, mais aussi dans quelle genre soit littéraire ou musicale doit ton placer ce phénomène. Cependant nombreux sont ceux qui disent que le slam est une autre manière de faire du hip hop. Et même on en trouve qui estiment que ce genre musical est tributaire de la poésie. Mais on voit bien que le slam s’est éloigné de la poésie traditionnelle et en même temps elle ne correspond pas aux genres littéraires classiques. Avant de répondre à cette question, nous tenterons de mettre en lumière la littérature et le slam. Mais nous commencerons par retracer l’historique de ce mouvement.

2. Qu’est ce que la littérature?

2.1 Définition

Nombreux sont les dictionnaires et les encyclopédies qui partagent les mêmes définitions attribuées au terme « Littérature ». Etymologiquement, le mot « Littérature » est issu du latin « littera » qui signifie lettre, et puis « litteratura » qui écriture, grammaire et culture, et désignant: L'ensemble des œuvres écrites ou orales fondées sur la langue et dont la dimension esthétique les distingue des œuvres scientifiques ou didactiques (sens attesté en 1764). Dans la première partie du XIXe siècle, la littérature est perçue comme l’ensemble des activités de production et d'étude de telles œuvres.

Selon le Dictionnaire de la langue française, il y a quatre sens différents:

1. Sens étymologique : « le domaine de la lettre écrite, la totalité des œuvres écrites et par extension orales ».
2. Sens culturel : « la totalité des connaissances transmises par écrit, par lettres ».
3. Sens quantitatif : « la totalité des écrits de tout contenu, d’un certain temps, lieu ou langue ».
4. Sens qualitatif et esthétique : « la totalité des littératures du monde ».

La littérature privilégie ainsi la fonction esthétique, en s’éloignant de la communication utilitaire dont le seul objectif est de transmettre des informations (presse et politique), pour s’intéresser à la forme.

2.2 Histoire du mot « littérature »

Le sens du mot « littérature » a connu de nombreux changement au fil du temps, selon le domaine et l’époque où il est utilisé. Il est passé d’une définition restreinte strictement liée à l’acte d’écriture avec plusieurs conditions, à une notion universelle et générique. Le mot « littérature » provient du mot latin « littératura » dérivé de « littera » (lettres).

Dans la langue française, le mot « littérature » fut attesté pour la première fois en 1121 en restant fidèle au premier sens latin « chose écrite », et ne retrouve les autres sens développés par les penseurs suscités que tardivement vers la fin du XVe siècle, celui de : « érudition, savoir acquis par les livres », une acception générale qu’il va garder jusqu'au XVIIe siècle, où le mot s'appliquera de plus en plus à un savoir restreint, celui des « belles-lettres » liées au beau langage, notamment sous le règne de Louis XIV qui favorise la vie sociale raffinée faite de pratiques culturelles valorisées.

Au XVIIIe siècle, le mot « littérature » est strictement lié aux « belles-lettres », c'est-à- dire « d'œuvres reconnues par les gens de goût et constituant la culture mondaine de l'époque formée par une meilleure éducation et par le monde des salons littéraires et des académies »; ainsi Voltaire estime que : « La littérature désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût y>}

Le mot évolue davantage à partir de la deuxième moitié XVIIIe siècle, vers un sens plus large celui de « la création langagière écrite » basée sur la subjectivité et libérée de critères esthétiques contraignants. Au début du XIXe siècle le mot « littérature » acquiert son sens moderne qui devient le sens commun et s'applique à « des textes auxquels on accorde une qualité esthétique que l'on peut discuter ».

Au milieu du XIXe siècle le grammairien Bernard Jullien distingue entre « littérature » et « grammaire », deux concepts intimement liés depuis l’antiquité. Il estime que la littérature va au-delà de la grammaire, dans la mesure où elle prend en charge l'étude et le questionnement sur le fond, sur le contenu des œuvres. Tandis que la grammaire se limite à la description de la langue, et devient alors un outil pour la littérature qui s'occupera de l'observation des aspects formels. Finalement, au XXe siècle, le champ de la « littérature » s'élargit à toutes les productions écrites, en prenant en considération le[1] contenu et la forme.

2.3 Critères de littérarité

Dans son sens moderne, qui est le plus courant, la littérature réfère à l’ensemble des œuvres littéraires à but esthétique, elle représente ainsi un art à part entière. Cependant, il est parfois difficile de tracer les limites de cet art, notamment lorsqu’il s’intéresse à des écrits d’ordre philosophiques, ou des écrits destinés aux spectacles (scénario, théâtre, BD...)

La dimension esthétique constitue donc un critère fondamental de la littérature, un critère qui permet de la distinguer des autres types d’écrits (journalisme, politique). A première vue, cette définition exclut les écrits purement philosophiques, politiques ou historiques, mais il convient tout de même d’être attentif dans la catégorisation des genres et types appartenant à la littérature, d’où l’utilité de préciser les critères de littérarité, c'est-à-dire ce qui fait qu’un texte est littéraire. Il s’agit là d’une question pertinente et centrale qui a préoccupé les académiciens et qui a fait l’objet de nombreux débats. Le dictionnaire de la linguistique définit la littérarité comme:

«L’objet d'une hypothétique science de la littérature, elle se définit par la structure et la fonction propres au discours littéraire, ce qui implique la définition d'une non- littérarité. La littérarité serait à la littérature ce que la langue est à la parole chez Saussure, c'est-à-dire ce que toutes les œuvres de la littérature ont en commun, dans l'abstrait, comme système».[2]

La définition de la littérature en tant qu'ensemble d'œuvres à finalité esthétique est une conception assez moderne, parce qu’auparavant, on avait plutôt tendance à attribuer le statut de littérature à des œuvres correspondant à des critères formels assez stricts. Dans s a Poétique, Aristote, un des fondateurs de la critique littéraire, se concentre principalement sur la tragédie et l'épopée en instaurant des règles formelles régissant ces discours. L'essai a également appartenu au domaine de la littérature. La philosophie quant à elle reste ambigu. Par ailleurs, la poésie a souvent été considérée comme la forme littéraire la plus pure, où l'esthétique de la littérature est présentée dans sa forme la plus stricte. Il apparaît donc que la littérarité d'une œuvre est sujette au changement et que les siècles ont vu la littérature incorporer des formes de plus en plus diversifiées et populaires.

Les critères de littérarité d’une œuvre sont un sujet qui a beaucoup divisé la critique littéraire. Dès l'Antiquité, deux conceptions différentes apparaissent, qui influenceront les différents courants littéraires et artistiques à travers les siècles. Aristote, à travers sa Poétique, insiste sur «la qualité formelle d'une œuvre, au détriment des aspects expressifs qu'il considère secondaires. Le travail d'un écrivain obéit pour lui à des règles strictes, à une théorie ». Par contre, le pseudo-Longin, dans son Traité du Sublime, met en avant l'expression des émotions, « le Sublime transporte, ravit son lecteur ou son auditoire et correspond à la perfection du discours ».

Nous distinguons entre deux types de critères de littérarité dans un œuvre:

1. Critères internes:

- Qui relèvent de la forme des textes. C'est-à-dire l'esthétique, le style, les champs lexicaux, les symboles, les figures de style...
- Qui relèvent du contenu des textes, C'est-à-dire les thèmes et valeurs qui permettent d'analyser le texte selon le mode de représentation particulier de la vie que lui insuffle l'auteur.
- Qui relèvent des relations entre les textes, soit l'intertextualité. En effet, un texte n'existe que dans une littérature constituée d'autres textes.

2. Critères externes:

- Qui relèvent de l'auteur : l'œuvre est l’expression d'un moi unique, avec une vision particulière.
- Qui relèvent du milieu social où celle-ci s'exerce. C'est-à-dire faire un lien entre la qualité de l'œuvre et sa diffusion. Plus celle-ci est largement diffusée et facilement comprise de tous, moins elle est appréciée par la critique littéraire, la part du lecteur. ״ Qui relèvent du lecteur. Il faut que le lecteur s'investisse dans l'œuvre afin d'en donner sa propre interprétation. Plus il y a de ces critères dans une même œuvre, plus celle-ci est littéraire. Cependant, la littérature peut être perçue différemment selon la vision qu'on a de celle-ci et des critères qui la constituent. Le concept de littérature n'est pas un concept de précision, il faut considérer la littérature dans son ensemble. Et enfin, pour certains, une grande œuvre littéraire est avant tout celle qui résiste à l’épreuve du temps. Le domaine de littérature est certes évolutif et très vague. L'écriture littéraire obéit aux normes de l'orthographe et de la grammaire, mais aussi de la rhétorique, de la poétique. L'écrivain utilise des outils de langages qui lui permettent de se façonner un style, et il s'autorise également des licences poétiques, des digressions, des néologismes, de manière à appuyer son discours, à rendre esthétique son texte. C'est ainsi qu'il se différencie et devient artiste.

2.4 Les genres littéraires

Pour rester bref la littérature est divisée en plusieurs genres qui selon les époques étaient plus ou moins à la mode. On compte le roman, la tragédie, la poésie etc... Parmi tous ces genres la poésie est le genre littéraire qui convient le mieux pour décrire le slam puisque ce dernier est un mélange d’écrit et d’orale.

3. Définition slam

3.1 Historique du slam

Pour pouvoir répondre à notre question de départ il est nécessaire d’établir un bref historique de ce qu’est le slam.

Ce genre original, difficilement définissable, a vu le jour il y a un peu plus de 40 ans aux États-Unis. Il s’inscrit dans une longue et vieille tradition orale qui remonte au temps des troubadours, des Repentistas du Nordeste brésilien, des griots en Afrique, des muezzins, des chansonniers.

Selon les textes[3], le slam tient ses premières influences des « Last Poets », fondateur du rap et du hip hop. En effet, ce groupe new yorkais possédait déjà cette même façon de scander des textes engagés, usant de verbes affûtés pour toucher un public hétérogène. Pour cela, ils décrivaient un quotidien, manifestaient des sentiments et émotions.

Puis, c’est dans les années 70, qu'on s'accorde à dire que Ted Berrigan et Ann Waldam (cités par Vorger, 2008 : 7) sont les figures de fondateurs du mouvement. Ils proposent des lectures/ déclamations nouvelles de poésie. Ils s'affrontaient sur ce qu'on peut appeler un ring aux cordes poétiques. Ils ont ainsi commencé à démocratiser la poésie, à la rendre accessible aux citoyens.[4]

Mais c’est réellement en 1980 que tout commence avec Marc Smith, précisément à la Green Mill Tavern de Chicago. En effet, cet ancien ouvrier du bâtiment, a donné un nouveau souffle à la poésie mondiale. Chaque semaine, des slameurs de tous horizons et de toutes classes sociales, se retrouvait dans des bars ou dans des clubs pour se livrer à de véritables batailles poétiques. Comme le précise le groupe 129 H dans son historique sur le slam, Marc Smith invente le « Slamming »: la poésie contre les conventions. Il voulait que le public juge en prenant part à la dialectique « Poètes/ Public ». La scène était ouverte à tous, elle devenait une tribune libre d'expression et c’est ce qui a changé le sort de la poésie. Le slam, cet art collectif célébrant la libre expression, la créativité sans limite, a tout pour conquérir la France. Le slam arrive en France au milieu des années 90 en France, suite à la diffusion du film de Marc Levin « Le slam » mettant en scène la vie du slameur Saul Wiliams.

Les poètes marginaux français, se retrouvant dans le fameux bar de Pigalle: « Le club­club » se qualifièrent alors sous ce pseudonyme de « slameurs ». Le mouvement « slamesque » s’est alors étendu à d'autres scènes parisiennes et de nombreux collectifs se sont développés comme: Uback Concept (fondateur de la scène Slam du café culturel de St Denis), Nada et le collectif Spoke orchestra, 129H autour de Rouda. Il séduit aujourd'hui, un public de plus en plus large. Les réticences du commencement ont été supplantées. Il est vrai qu'au départ, le slam ne possédait que peu de crédibilité de par son style à part à la frontière de plusieurs genres, mais dix ans plus tard, on constate un véritable retournement de situation. Aux frontières de la littérature, de l'improvisation et des joutes oratoires, il s'est fait accepter et complimenté même, par le grand public. Les succès de Grand corps Malade5, ou d'Abd Al Malik en témoignent.

Actuellement, les défenseurs du slam étendent sa popularité dans divers lieux culturels et multiplient les rencontres au sein de médiathèques, bibliothèques, lors d'ateliers d'écriture ou « slam session ». Dernièrement le slam a fait son apparition dans les établissements scolaires, séduisant de plus en plus d'enseignants, désireux d'intéresser leurs élèves à la langue française, à la poésie.

Suite à cette ascension du slam, il est donc légitime de se demander exactement ce qui se cache derrière ces prises de paroles? En quoi consistent ces textes prononcés a capella? Quel est cet art exactement?

[...]


[1] vgl. Voltaire 1829: 31.

[2] vgl. Mounin 1974: 205 ff.

[3] vgl. Martinez 2007: 14.

[4] vgl. Guide méthodologique du groupe 129 H: (http://www.129h.0rg/#1sla1u/cxbc).

Fin de l'extrait de 16 pages

Résumé des informations

Titre
Littérature et musique. Le slam est-il de la littérature?
Université
Johannes Gutenberg University Mainz
Note
2,0
Auteur
Année
2014
Pages
16
N° de catalogue
V428349
ISBN (ebook)
9783668721975
ISBN (Livre)
9783668721982
Taille d'un fichier
513 KB
Langue
français
Mots clés
littérature
Citation du texte
M.o.A. Fatma Betül Akcora (Auteur), 2014, Littérature et musique. Le slam est-il de la littérature?, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/428349

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