«Bajazet» de Racine. Un parcours de la vie de Bajazet à la lumière de l’avant-tragique


Dossier / Travail de Séminaire, 2015

14 Pages, Note: 1,7


Extrait


Table de matières :

1. Introduction
1.1. Le théâtre avant Racine
1.2. La dramaturgie classique
1.3. Jean Racine
1.3.1. Bajazet : Inspiration

2. L’avant tragique dans la vie de Bajazet
2.1. Le Bayezid historique
2.2. Le Bajazet racinien
2.3. L’avant tragique chez Bajazet.
2.3.1. Le milieu

3. Conclusion

Références

1. Introduction :

Pendant la seconde moitié du XVIe siècle, il y a eu un changement dans la thématique du drame français, qui a quitté la farce et la satire comique pour s’orienter vers la tragédie de type historique. Le meilleur exemple de la consécration définitive de formules dramatiques classiques combinées au charme baroque et un refus d'être confinés dans un ordre, est l'œuvre de Pierre Corneille (1606-1684).

Dans la seconde moitié de sa carrière artistique, Corneille va se dédier entièrement à la production de tragédies portant des conflits politico-historiques et des implications morales telles qu’Horace, Le Cid et Cinna... La poursuite du style et du travail de Corneille sera pointée par Jean Racine (1639 à 1699) (cf. Maximilian Gröne & Frank Reiser 2010, p. 100-101 ; Sébastien Lapaque, 2006). Ses premières productions (La Thébaïde et Alexandre le Grand) ne sont que des imitations du théâtre de Corneille. Cependant, la première de ses productions - chef-d’œuvre - signifiait l'abandon de la conception cornélienne tragique pour l’interpréter plus librement : Andromaque (1667) constitue non seulement la consécration de Racine comme un auteur tragique, mais aussi l'introduction d'un nouveau modèle d'abstraction différent de celui connu auparavant : « D'un côté une tragédie sans mort, sans action, sans autre pouvoir que celui des mots, de l'autre une pièce pleine de beaux gestes et de déchirements politiques […]. On célébra Racine comme un génie, on jura que Corneille était fini » (Lapaque, 2006). Mais néanmoins, lors de l’apparition d’autres pièces raciniennes telles que Bajazet (1672) et Britannicus (1669), la « tuerie […] et les choses agréables […] qui font frissonner […] » (ibidem) revinrent.

Dans l'ensemble, la tragédie racinienne se trouve dans un conflit insoluble des passions et des volontés; pas soumis à des règles, elle dominait sur les autres formes de théâtres. Et cherchait avant tout à plaire à l’auditoire. L’œuvre est un développement du langage, dans des discours analogues et de sens complémentaires; les décès de ses personnages passent plusieurs fois par le suicide, car Racine, en tant que dramaturge, est mentalement violent, brutal et impitoyable dans le coup des passions. Ces passions trouvent dans le suicide la ressource préférée pour obtenir le triomphe de la liberté sur les pouvoirs étranges de l’homme (cf. André Durant, s.d., p. 7-10). Par extension, les personnages sont nobles, historiques ou exotiques, et parmi eux la discussion de la passion, l'amour, l'ambition, du pouvoir est toujours établie.

Le dossier suivant essaie de faire mieux ressortir le motif de l’avant-tragique dans la pièce racinienne Bajazet, et plus exactement dans la vie du personnage ayant le même nom de cette pièce. Pour y arriver, nous ferons un petit trajet, vraiment très court, passant par la dramaturgie classique au XVIe-, la tragédie au XVIIe siècle et finalement par l’œuvre de Jean Racine dans les limites de Bajazet : celui-ci sera notre texte de fond ; nous ne nous sommes servis toutefois que des très peu de passages de cette pièce, surtout de l’acte I, mais aussi d’autres, que nous avons considérés éminents pour notre analyse. Dû à l’étendue de ce devoir, nous omettrons également quelques aspects liés à la forme de la pièce, très importants d’ailleurs, mais que nous proposons d’étudier de façon détaillée à l’aide d’autres études singulières. Dans un dernier plan, nous détaillerons les facteurs dramatiques et émouvants, voire cruels qui nous font penser au fait que cette pièce soit cataloguée comme une tragédie non seulement à cause d’une fin cruelle, ce qui serait évident, mais aussi parce qu’elle est dramatique depuis son début.

Il est évident que dans chaque présentation dramatique, les éléments de l’exposition, voire le cadre et le contexte doivent être connus au public « […] vers le début de la pièce » (Jacques Schérer 1950, p. 51) mais nous verrons dans le deuxième chapitre de ce dossier que le début de Bajazet est plein d’interrogations : des situations préalables qui sont importantes pour la compréhension du nœud, sont omises par l’auteur. Nous percevrons de même que l’exorde annonce déjà une action violente, le lecteur avisé a le pressentiment de quelque drame. Mais d’abord, voyons un peu les données historiques.

1.1. Le théâtre avant Racine : au XVIe. siècle

En pleine Renaissance, au XVIe. siècle, les auteurs français se dédient plutôt à la traduction de pièces de l’Antiquité, ou bien venant du latin. Jusqu’ici, le théâtre gardait les traditions du moyen-âge dans sa forme permanente : la comédie. Son principal but : divertir les gens. Mais au tournant du siècle, néanmoins, le théâtre va connaître d’autres formes telles que l’opéra, la pastorale et la tragédie, entre autres (cf. Gröne & Reiser 2010, p. 95 et Luc Deborde, s.d.) ; les dramaturges tels que Molière, Saint-Gelais et Garnier sont à situer dans cette période.

1.2. La dramaturgie classique

La tragédie classique connaît son apogée au XVIIe siècle. Elle s’intéresse, tout comme au siècle précédent, aux rangs élevés de la société (rois, princes, etc. ; p. ex. Néron, dans Britannicus, de Racine) et aux mythes de l’Antiquité (Horace, de Corneille). Ses personnages peuvent être héroïques, mais aussi très tragiques en même temps. Elle est écrite normalement en Alexandrins. Contrairement à la comédie et la farce théâtrale classique, la tragédie présente une action en cinq actes, et cette action garde les règles des trois unités. Elle montre une structure en trois parties : une exposition, un nœud et un dénouement. De plus, elle a un objectif double : d’un côté, de plaire au public, de l’autre, plus important que cela, de l’instruire, de l’édifier (cf. Alain Niderst 1975, p. 13-14 ; Schérer 1950, chap. V et VI).

1.3. Jean Racine

La tragédie classique, au moment au Racine fait ses premiers écrits, connaît, comme nous l’avons fait ressortir dans l’introduction, des personnages réputés tel que Corneille, mais aussi d’autres. Jean Racine va néanmoins trouver quelque chose de propre pour son œuvre, une « nouvelle tendresse » (Niderst 1975, p. 16), que Lapaque (2006) caractérise comme « naturel[e] » (ibid.).

Alain Niderst (1975) distingue deux formes de tragédies modernes s’étant imposées au XVIIe siècle (ibid., p. 15-16). La première à la manière de Corneille, liée aux sujets politiques et grands événements de l’Histoire. La deuxième forme de tragédie ou les « doucereux » (ibid., p.16), présente l’amour dans sa forme fatale et violente (ibid.). Nous ne classifierons pas Jean Racine dans l’une de deux, mais il est certain que celui-ci exhibe dans ses pièces des éléments de ces deux formes. Dans Britannicus par exemple, l’amour de Néron pour Junie n’est pas un sentiment émouvant, ni plein d’émotions comme le veut la tradition classique, mais est plutôt un « penchant fatal qui submerge toute la personnalité » (ibid., p.16) ; l’amour de Néron est un mélange d’obsession personnelle et de jalousie contre son demi-frère Britannicus qui le pousse à agir cruellement contre lui et Junie : « de leur amour tu vois la violence » (Jean Racine 2014, Acte II, scène 8).

1.3.1 Bajazet : inspiration

Dans sa première préface au texte de Bajazet, Racine prétendit :

Quoique le sujet de cette tragédie ne soit encore dans aucune histoire imprimée. C'est une aventure arrivée dans le Sérail, il n'y a pas plus de trente ans. M. le comte de Cézy était alors ambassadeur à Constantinople. Il fut instruit de toutes les particularités de la mort de Bajazet […] (Racine 1672, cité dans Margareth M. McGowan 1968, p.31).

Le personnage de Bajazet est sans doute un personnage historique : dans sa préface, Racine déclare que son histoire est « véritable » et que celle-ci se déroule au sein d’une civilisation 5 lointaine, « l’Empire Ottoman » (ibid.). Il nous semble intéressant de préciser néanmoins que les usages de sources chez Racine sont abondants. Dans son introduction à la pièce Bajazet, madame McGowan (1968) soutient l’idée que l’inspiration des personnages raciniens ne vient en aucun cas d’une seule source d’inspiration, c’est à dire, Racine n’aurait jamais pu s’inspirer seulement des personnages historiques de l’Empire d’Ottoman : « […] Empire Ottoman and the stories of french embassors […] sources of information for Bajazet. […] they were by no means the only ones » (ibid., p. 16). Cette pièce porte donc des fonds historiques et intertextuels que nous négligerons ici à cause de leurs immensités, mais nous nous permettrons de renvoyer à des études particulières.

Il est évident ainsi que Racine recourt à des faits réels, voire à des personnages historiques (comme Bayezid, le Sultan Amurat) qu’il va transformer en des personnages avec des caractéristiques propres à son œuvre (cf. le cadre et intérêt historique de Bajazet chez Durant, s.d., p. 3-13). Nous étudierons quelques passages de la vie de Bajazet de plus près à l’aide du motif de l’avant tragique dans le chapitre suivant.

Pour l’instant, nous pouvons affirmer que ces deux phénomènes (l’inspiration de grands héros politiques, et la représentation tragique de l’amour) caractérisent le tournant de la tragédie classique vers la tragédie moderne des siècles suivants. De fait, les tragédies de Racine tendent vers cette composition (cf. Niderst 1975, p. 9-16).

[...]

Fin de l'extrait de 14 pages

Résumé des informations

Titre
«Bajazet» de Racine. Un parcours de la vie de Bajazet à la lumière de l’avant-tragique
Université
University of Bremen
Note
1,7
Auteur
Année
2015
Pages
14
N° de catalogue
V333965
ISBN (ebook)
9783668240865
ISBN (Livre)
9783668240872
Taille d'un fichier
622 KB
Langue
français
Mots clés
racine, bajazet
Citation du texte
Victor Santamaria (Auteur), 2015, «Bajazet» de Racine. Un parcours de la vie de Bajazet à la lumière de l’avant-tragique, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/333965

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