Le classicisme dans la littérature du XVIIe siècle


Exposé Écrit pour un Séminaire / Cours, 2002

26 Pages, Note: 1,7


Extrait


Table de matières

Introduction

1. Présentation générale du mouvement littéraire
1.1. Le baroque
1.2. La préciosité
1.3. Le classicisme
1.3.1. Définition
1.3.2. Etymologie
1.3.3. Présentation du classicisme
1.4. La redéfinition de la Langue française comme effet collatéral au classicisme

2. Le Théâtre
2.1. La comédie et la religion
2.2. Formation de la tragédie classique
2.3. Les règles
2.3.1. La controverse
2.4. Les récits

3. La Querelle des Anciens et des Modernes (1653-1715)

Conclusion

Bibliographie et sites Internet

Introduction

On connaît la vieille plaisanterie d’un guerrier du Moyen Âge, qui, au moment de partir, embrasse sa femme et lui dit qu’ils ne se reverront plus avant bien longtemps, car il devait partir pour la guerre de Cent Ans. Il serait tout aussi absurde de croire que les écrivains du XVIIe siècle ont eu conscience qu’ils fondaient une « littérature classique ». Même à la fin du XVIIIe siècle, quand on introduit dans la langue, vers 1775, le mot anglais romantique (romantic), on ne lui oppose pas encore les mots de classique et classicisme. L’expression de littérature classique n’apparaît qu’au XIXe siècle. Il doit donc être bien entendu qu’en étudiant le classicisme, on étudiera le courant littéraire qui s’y rapporte . De même, il ne sera question dans cette étude que du classicisme français du XVIIe siècle. Le problème général de savoir quels peuvent être les caractères d’un art classique de partout et toujours ne sera donc pas aborder ici.

1. Présentation générale du mouvement littéraire.

Les mouvements littéraires du XVIIème siècle sont le baroque, la préciosité et le classicisme, dont ce-dernier est le mouvement majeur de cette époque.

1.1. Le baroque

L'art baroque (le mot vient de l'espagnol, barruco, qui désigne une perle de forme irrégulière, avec des verrues) est une forme d'art qui cherche à étonner, à impressionner et à émouvoir. C'est avant tout l'art de la Contre-Réforme qui rayonne sur toute l'Europe à partir de Rome, l'art des jésuites qui cherchent à introduire la magnificence dans les églises. En littérature on retrouve la sensibilité artistique qui fait le baroque en Italie avec Le Tasse, en Espagne avec Lope de Vega qui influencent le roman français. C'est l'époque des romans fleuve comme l' Astrée d'Honoré d'Urfé ou le Grand Cyrus de Madeleine de Scudéry qui suscitent l'engouement du public.

1.2. La préciosité

Dans les années 1640 apparaît dans les salons un nouveau type de comportement, caractérisé par une recherche vestimentaire, une attention portée à la dignité des femmes et l’importance du bien parler. Ses figures de proue sont Voiture et Sarasin, ce dernier allant jusqu’à prôner l’égalité des styles et des thèmes contre la traditionnelle hiérarchie des genres.

Ce courant se prolonge dans la Préciosité, qui domine le monde culturel durant une décennie intense (1650-1660). L’épicentre en est le salon de Mademoiselle de Scudéry. La grande affaire des précieux est l’Amour, non pas l’exaltation des corps ou la passion ravageuse, mais un sentiment pur et idéalisé par lequel est célébrée une femme parfaite et inaccessible. Leurs écrits détaillent les différentes stratégies possibles pour l’amant, créant des itinéraires symboliques incarnés dans la célèbre "Carte du Tendre". Se voulant une aristocratie de l’esprit, donc membres d’une élite, les précieux cherchent à se distinguer par leurs vêtements, les artifices de leur apparence et surtout le brillant de leur conversation. Animés par des femmes, les cercles précieux ont des opinions hardies pour l’époque en ce qui concerne la situation du "beau sexe" dans la société.

L’importance du langage est primordiale . Rejetant les mots vulgaires, pédants ou anciens, les précieux parlent une langue travaillée, utilisant forces figures de style (hyperboles, pointes, métaphore), recherchant à la fois la précision et le superlatif. C’est le culte de la forme, exprimée dans des jeux de société (madrigal, blason, rondeau, portrait, bout-rimé, etc.).

Dès la fin des années cinquante, la préciosité est moquée (Les Précieuses ridicules de Molière date de 1659) et se délite. Ayant surtout œuvré dans des genres mineurs, il en reste peu de chose aujourd’hui. Néanmoins son influence sur le classicisme est importante, car elle a imposé la bienséance, l’analyse des sentiments, la précision de l’expression et la recherche de la perfection du langage.

C'est au milieu de ce siècle que l'époque classique se dessine et que Louis XIV va imposer les règles du " Grand Goût "

Contrairement aux autres courants qui le précèdent, le classicisme touche principalement la France. Le but premier de ce mouvement littéraire est de concevoir une harmonie dans les textes, les écrits. À cette époque, les écrivains doivent se plier à des règles strictes car il ne faut pas oublier que le classicisme atteint son apogée avec le règne de Louis XIV, le "Roi-soleil". Et cela tout simplement parce qu'après les excès du baroque, il fallait remettre un peu d'ordre et que le désir du roi de laisser sa trace dans l'histoire était très élevé. Cette littérature sert également à représenter la gloire du Roi et à montrer la beauté du peuple français. On y retrouve l'idéal de l'honnête homme qui se doit d'agir comme s'il était à la cour du Roi (cultivé, humble, courtois). C'est une période où on retrouve un climat religieux, moralisateur comme avec les Fables de La Fontaine. On y retrouve aussi un retour aux textes antiques et l'ajout de trois règles fondamentales dans les grands drames théâtraux : unité de lieu (un seul lieu), d'action (fil conducteur) et de temps (généralement une seule journée). On peut observer ces caractéristiques dans Andromaque de Jean Racine.

On faisant l’opposition entre classique et romantique on constate que le classicisme français a été "inventé" par les romantiques, qui ont cherché à imposer une sensibilité et un art poétique fondés sur l'originalité et l'expression des passions, en les contrastant avec les idées de mesure, de raison, d'imitation en vigueur dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Plus tard, à la fin du XIXe siècle, ces idées elles-mêmes ont été présentées par les critiques et les pédagogues de la Troisième République comme des idéaux à la fois universels et caractéristiques de la culture française à son apogée. Quant à une deuxième opposition - classique et baroque - elle a servi à introduire dans la notion de classicisme les valeurs de pureté, de rigueur, de concision, pour chasser de l'"esprit français" l'excès, le mélange des genres, le style figuré, réservés à un prétendu baroquisme.

1.3. Le classicisme

1.3.1. Définition :

« Courant esthétique regroupant l'ensemble des ouvrages qui prennent comme référence esthétique les chefs-d'œuvre de l'Antiquité gréco-latine. Le terme a une définition esthétique mais aussi historique, puisqu'en France l'« époque classique » est la période de création littéraire et artistique correspondant à ce que Voltaire appelait « le siècle de Louis XIV » ; il s'agit essentiellement des années 1660-1680, mais en réalité la période classique s'étend jusqu'au siècle suivant. »[1]

1.3.2. Etymologie:

Le terme de classicisme dérive du terme latin « classicus », qui à l’époque désigna une catégorie sociale. Il désigne dans la Rome antique un "citoyen de première classe". Le français à retenu l'idée de qualité, d'excellence. Au XVIIe siècle, ce terme désigne les auteurs antiques, latins particulièrement, dignes d'être enseignés dans les écoles. Ce n'est en fait qu'au début du XIXe siècle que les premiers écrivains du Moi donnent à ce mot son sens moderne, en l'opposant au romantisme naissant.

1.3.3. Présentation du classicisme

On mettra d'abord à part la notion d' "âge classique" telle qu'elle est proposée par le philosophe Michel Foucault. Celui-ci n'a pas en vue la littérature ou l'art du XVIIe siècle, mais un modèle de compréhension très général, une sorte de structure ou d' ordre qui caractériserait les savoirs et les discours entre 1630 et la Révolution. On renoncera aussi à traiter du classicisme en art, quoique la comparaison avec l'architecture ou l'art des jardins à l'époque de Louis XIV puisse apporter des éclairages précieux sur la littérature, par l'importance accordée à la symétrie et à l'ordonnance des parties. Du point de vue restreint de l'histoire littéraire française, on réservera l'expression de "classique" à une période brève, couvrant à peu près la seconde partie du siècle (voire même seulement, disent certains, les années 1660-1680).

On doit ajouter que la naissance de la notion « classique » est en quelque sorte le fruit du travail des Académiciens. En 1634, Richelieu crée l’Académie Française qui va grandement participer à l’élaboration de cette esthétique nouvelle qu’est le classicisme. En 1694, le Dictionnaire de l’Académie française semble être un premier pas vers la définition du classicisme ; les mots y sont jugés, soit barbares, soit archaïques, et ils sont rejetés. Le classicisme est une littérature fondée avant tout sur la sobriété et sur la précision. Paru 4 ans seulement après le dictionnaire de Furetière (1690), le dictionnaire de l’Académie est radicalement différent. Alors que c’est la richesse de vocabulaire qui domine chez Furetière, le Dictionnaire de l’Académie française est dominé par un idéal stylistique de clarté et de sobriété.

L’ensemble de la littérature semble dès lors atteinte par la recherche de cette sobriété esthétique. Les Arts Poétiques (comme celui de Nicolas Boileau) préconisent la sobriété et les écrits des auteurs se font plus brefs et souvent plus tournés vers la moralité (les Pensées de Pascal, Les Caractères de La Bruyère).

Mais pour bien comprendre les origines et la formation de cet art classique du XVIIe siècle français, il faut se rendre compte des tendances profondes de la littérature jusque vers 1650-1660. On les conçoit généralement mal parce qu’on ne voit cette littérature qu’à travers quelques chefs-d’œuvre ou quelques œuvres de talent : des poésies de Malherbe, les meilleures tragédies de Corneille, une ou deux tragédies ou comédies de Routrou, des lettres de Balzac et de Voiture, etc. Quand on parle des « grotesques » de Théophile Gautier, de ceux qu’on appelle les indépendants, Théophile ou Saint-Amant, on les croit plus ou moins isolé, on s’imagine que les contemporains, même quand ils les goûtaient, les ont goûtés avec quelque dédain en discernant leurs défauts de leurs qualités. Il n’en est absolument rien. Jusque vers 1650 ou même 1660, c’est la grande masse de la littérature qui est « irrégulière ».

L’art d’écrire n’a pas pour fin de représenter la vie avec naturel et vérité. Il est un « divertissement », une « fiction », où on a le droit de n’obéir qu’à sa fantaisie, à son « caprice ».

Tout d’abord presque toute la littérature subit profondément l’influence des littératures espagnole et italienne. Elle leur emprunte non pas toutes leurs « extravagances » et tout leur « clinquant », mais une bonne part : qu’il s’agisse de la satire qui grossit et charge les caricatures jusqu’à l’absurde, à l’imitation de Capitoli ou de Berni – de la pastorale encombrée de toutes les complications romanesques, de tous les thèmes conventionnels des pastorales espagnoles ou italiennes – de la comédie et de la tragi-comédie qui, au moins deux fois sur trois, ne sont que des adaptations de pièces espagnoles et italiennes, et qui reprennent à satiété les personnages conventionnels de ces pièces, le capitan, le parasite, le pédant, le valet bouffon – de la poésie galante, madrigaux, sonnets, stances, élégies qui reprennent le thèmes et les concetti de la poésie galante italienne – même de la tragédie et du roman, sauf celle où on voit les « beaux esprits » emprunter à l’Espagne et à l’Italie des moyens de surprendre et d’étonner et non pas d’être sincère et « naïf ». Si bien que les caractères généraux de la plupart des œuvres sont non pas ceux des Stances à Du Périer, du Cid, ou de Polyeucte ou des Stances à Alcipe de Maynard, mais plutôt ceux de la préciosité, une préciosité auprès de laquelle celle de Mascarille, de Jodelet, de Cathos et de Madelon n’est plus que sobriété, bon goût et discrétion. Elle emplit non seulement la poésie galante des belles matineuses ou des beaux yeux malades, mais plus encore du moins jusque vers 1640, l’éloquence sacrée ou profane, une large part des pastorales, une part des tragédies et des comédies, presque tous les romans, une part des correspondances, etc. ; le romanesque, c’est-à-dire le goût d’intrigues si complexes, si obscures, si dénuées de vraisemblance qu’il est à peu près impossible sans une attention pénible, de suivre à la lecture le déroulement de l’action de presque toutes les tragi-comédies et tragédies, de beaucoup de tragédies et de romans ; la trivialité caricaturale, grossière et volontiers obscène qui s’étale non seulement dans la satire ou le roman réaliste, mais encore dans maints passages des pastorales, des comédies et qui est le seul but de la farce ou de poésie « gaillardes » et « curieuses » dont les recueils se multiplient ; et enfin même la fantaisie et le caprice, c’est-à-dire des pièces qui volontairement sont dépourvues de gens et se donnent pour ce qu’indique leur titre « du galimatias ».

C’est contre tout cela que s’organise peu à peu, dans la première moitié du XVIIe siècle, une doctrine qui s’efforce de donner comme idéal à l’art d’écrire la raison et la nature.

Voici quatre auteurs qui s’exprimeront sur la nature :

La Fontaine - 1661 au lendemain d’une représentation des Fâcheux de Molière :

« Et maintenant, il ne faut pas quitter la nature d’un pas. »[2]

Bientôt Molière lui-même dira que «lorsque l’on peint les hommes il faut peindre d’après nature »[3].

Racine, à son tour, déclarera qu’un écrivain « qui s’écarte du naturel » ne peut que «trahir le bon sens »[4].

On connaît, enfin, le vers fameux de Boileau dans le chant III de son Art poétique (1674) : «Que la nature soit votre étude unique. »[5]

[...]


[1] « Classicisme »: http://www.ifrance.com/EGB/Classicisme.htm

[2] « XVIIe siècle – Pensées définitoires », http://coinlitteraire.multimania.com/histoires/def17.html

[3] (Critique de l’école des femmes – 1663), « XVIIe siècle – Pensées définitoires », http://coinlitteraire.multimania.com/histoires/def17.html

[4] (Britannicus – 1670), « XVIIe siècle – Pensées définitoires », http://coinlitteraire.multimania.com/histoires/def17.html

[5] « XVIIe siècle – Pensées définitoires », http://coinlitteraire.multimania.com/histoires/def17.html

Fin de l'extrait de 26 pages

Résumé des informations

Titre
Le classicisme dans la littérature du XVIIe siècle
Université
Johannes Gutenberg University Mainz  (Fachbereich für angewandte Sprach- und Kulturwissenschaft)
Cours
'Jean de La Fontaine ou Le charme d'un conteur de génie. Les Fables'
Note
1,7
Auteur
Année
2002
Pages
26
N° de catalogue
V19273
ISBN (ebook)
9783638234351
ISBN (Livre)
9783656519850
Taille d'un fichier
599 KB
Langue
français
Mots clés
XVIIe, Fontaine, Fables“
Citation du texte
Elisabetta D'Amato (Auteur), 2002, Le classicisme dans la littérature du XVIIe siècle, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/19273

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