Les "lettres théologiques" de Dietrich Bonhoeffer


Travail de Recherche, 2002

103 Pages, Note: 17/20


Extrait


Table des Matieres

INTRODUCTION :ASPECTS ET PROBLEMES DES LETTRES DE PRISON DE DIETRICH BONHOEFFER

I. « DIEU » AUX LIMITES DU MONDE DEVENU MAJEUR DU CONSTAT DE LA FIN DU CHRISTIANISME COMME RELIGION A LA CRITIQUE DE LA RELIGION
A. Constat de la fin du Christianisme comme religion
1. Presentation des reflexions sur la fin de la religion
2. Question de la nouveaute de ces reflexions sur la fin programmee de la religion
2.1. Influence de ce qu’il a lu
2.2. Influence de ce qu’il a vecu
B. Critique de l’ apologetique chretienne
1. Les viles pratiques apologetiques
2. Les vaines theologies apologetiques
C. Considerations theologiques sur la fin de la religion: merites et LIMITES DES REFLEXIONS DE BARTH ET BULTMANN
1. Barth: Revelation et religion
2. Bultmann: Demythologisation

II. JESUS-CHRIST AU CENTRE DU MONDE DEVENU MAJEUR DE LA RELIGION A LA VIE
A. Fondements de l’interpretation non-religieuse
1. Jesus-Christ: le contraire du deus ex machina et de la religion comme metaphysique
2. L’homme “entier”: le contraire de l’homo religiosus et de la religion comme interiorite
B. PRATIQUES DE L’ INTERPRETATION NON-RELIGIEUSE
1. Commentparler de Dieu de fagon non-religieuse ?
1.1. Interpretation a partir de l’Ancien Testament
1.2. Interpretation a partir de Jean 1, 14
1.3. Debuts d’interpretations non-religieuses
2. Comment agir de fagon non-religieuse ?
2.1. « Considerations fondamentales »
2.2. « Consequences » (concretes)

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

Der Freund

(...)

Wenn dann der Geist dem Menschen mit grofien, heiteren, kuhnen Gedanken Herz und Stirne beruhrt, dafi er mit klaren Augen und freier Gebarde der Welt ins Gesicht schaut, wenn dann dem Geiste die Tat entspringt, der jeder allein steht oder fallt wenn aus der Tat stark und gesund das Werk entwachst, das dem Leben des Mannes Inhalt und Sinn gibt, dann verlangt es den handelnden, wirkenden, einsamen Menschen nach dem befreundeten und verstehenden Geist.

Wie klares, frisches Gewasser, darin der Geist sich vom Staube des Tages reinigt, darin er von gluhender Hitze sich kuhlet und in der Stunde der Mudigkeit stahlt, wie eine Burg, in die nach Gefahr und Verwirrung der Geist zuruckkehrt, in der er Zuflucht, Zuspruch und Starkung findet, ist dem Freunde der Freund,.

Und der Geist will vertrauen, ohne Grenzen vertrauen Angeekelt von dem Gewurm, das im Schatten des Guten von Neid und Argwohn und Neugier sich nahrt, von dem Schlangengezisch vergifteter Zungen, die das Geheimnis des freien Gedankens, des aufrichtigen Herzens furchten, hassen und schmah’n, verlangt es den Geist, alle Verstellung von sich zu werfen und sich vertrautem Geiste ganzlich zu offenbaren, ihm frei und treu zu verbunden.

(...)

(Dietrich Bonhoeffer, Widerstand und Ergebung, 587f.)

INTRODUCTION :ASPECTS ET PROBLEMES DES LETTRES DE PRISON DE DIETRICH BONHOEFFER.

« Cher Eberhard ! Je dois tout simplement profiter de ta presence a proximite pour t’ecrire. » [1] Cette adresse qui temoigne d’emblee du besoin existentiel de Dietrich Bonhoeffer de communiquer avec son ami Eberhard Bethge alors en permission a Berlin, ouvre le 18 novembre 1943 la premiere et plus longue lettre du theologien, pasteur et resistant incarcere depuis deja plus de sept mois a son coreligionnaire, confident et futur biographe. Cette missive redigee en plusieurs jours, ou Bonhoeffer fait le point sur son parcours emotionnel et intellectuel depuis son arrestation survenue le 5 avril 1943, prelude, dans la plus secrete illegalite, a une correspondance abondante, dialogue epistolaire fonde sur une confiance intime et une stimulation intellectuelle reciproques hors du commun.

Exceptionnelle, cette correspondance l’est a bien des egards. Elle se distingue des autres « lettres de prison ». Elle se distingue des autres formes, plus academiques, de discours theologique.

Mais avant de s’interesser de plus pres au « miracle de la correspondance »,[2] il convient d’esquisser au moins les contours du cadre historique, juridique et biographique dans lequel il se produit. Dietrich Bonhoeffer fut arrete le meme jour que son beau-frere Hans von Dohnanyi qui l’avait introduit dans le cercle des conspirateurs a l’interieur du contre espionnage et que la gestapo considerait comme le cerveau de la conjuration contre Hitler. De l’instruction au proces et a la condamnation, a aucun moment le cas Bonhoeffer ne se desolidarisa du cas Dohnanyi, malgre les efforts de ce dernier pour endosser toute la responsabilite,[3] et l’empressement de l’autre a vouloir voir l’affaire classee.[4] Le juge d’instruction, Dr. Manfred Roeder, chercha d’emblee a les convaincre de haute trahison. Et il y avait de quoi. Bonhoeffer avait effectue a partir de fevrier 1941 plusieurs voyages de nature conspiratrice, destines a informer les allies de l’existence d’organisations resistantes,[5] a se renseigner sur leurs intentions au cas ou un coup d’Etat reussirait ;[6] fin mai - debut juin 1942 Bonhoeffer avait rencontre en Suede l’Eveque de Chichester et lui avait communique les noms des militaires impliques dans la resistance, des informations de la plus haute importance qui furent transmises au Ministere des Affaires Etrangeres britannique.[7] A defaut de pieces a conviction, l’accusation dont Bonhoeffer fit l’objet dans un premier temps est, comparee a ce qu’il risquait au cas ou la lumiere etait faite sur la nature reelle de ses activites, « ridicule » et il espere une liberation prochaine.[8] Mais le proces qui doit etre parallele a celui de Hans von Dohnanyi est incessamment ajourne, d’abord par un concours de circonstances malheureuses qui font que son beau-frere souffre d’une embolie a la suite d’un bombardement en novembre 1943, puis de diphterie,[9] ensuite parce que retarder le moment du proces par tous les moyens est devenu le mot d’ordre. Il ne lui reste plus qu’a esperer que l’attentat contre Hitler ait lieu bientot et reussisse.[10] Au lendemain du 20 juillet 1944 il s’attend a une fin prochaine, mais Dohnanyi et lui sont epargnes, ce n’est que la decouverte a Zossen des dossiers secrets de Hans von Dohnanyi en septembre 1944 et celle des journaux de Wilhelm Canaris qui signe leur arret de mort.

Ce rapide balayage des circonstances de son arrestation et incarceration s’imposait dans la mesure ou le cours des evenements et celui que prend sa correspondance sont presque indissociables.

La communication du prisonnier Bonhoeffer vers l’exterieur est tres policee et a partie liee avec sa situation juridique. Dans un premier temps, jusqu’a la fin des interrogatoires, il n’est autorise a ecrire qu’une lettre, devant tenir sur une feuille, tous les dix jours a ses parents. Le 30 juillet marque la fin de cette phase, le debut des « lettres de fiangailles »[11]:n Bonhoeffer attend son proces, son droit de communication epistolaire est elargi a une lettre tous les quatre jours, qu’il adresse par alternance a ses parents et a sa fiancee.[12] Le 18 novembre, la date du proces est fixee au 17 decembre ; Bonhoeffer redige sa premiere lettre illegale a Eberhard Bethge.[13] Le proces est constamment remis a plus tard ; mi-avril 1944 Bonhoeffer doit abandonner l’espoir d’une evolution prochaine de sa situation[14] ; a la fin du mois, la premiere des « lettres theologiques »[15] fait prendre une tournure nouvelle et durable a la correspondance entre Bonhoeffer et Bethge, dont il s’agira de determiner si et en quoi elle constitue un tournant dans la pensee du theologien.

A l’exception de quelques courriers parvenus a sa fiancee par des voies inhabituelles,[16] les lettres destinees a Karl et Paula Bonhoeffer et a Maria von Wedemeyer passent toutes entre les mains d’un censeur. Celles adressees a Eberhard Bethge y echappent toutes, sans exception. (Elles doivent en consequence disparaitre, provisoirement - si possible :[17] Bethge les enverra a sa mere a Kade, ou bien les enterrera dans le jardin de ses beaux-parents ;

les lettres de septembre 1944 qu’il avait encore en sa possession au moment ou il devait etre lui meme livre au Reichssicherheitshauptamt a Berlin furent detruites par ses soins.)[18]

A la difference des lettres aux parents et a la fiancee, les lettres au confident ne sont soumises ni a la censure exterieure, ni a la censure interieure.

„Morgen oder Ubermorgen soll ich Dich sprechen konnen. Zum erstenmal nach % Jahren werde ich die volle Wahrheit horen und sagen durfen. Das ist ein Ereignis. Die Eltern und Maria mufi ich schonen; Dir werde ich nichts vormachen und Du mir auch nicht.“ (22.12.43, 251)

Ce qui vaut pour les entrevues au parloir, vaut pour les lettres. Ce que, soucieux de les rassurer et conformement a l’education recue,[19] Bonhoeffer epargne a ses parents en les priant de croire qu’il va bien, ce qu’il note pour lui sur un bout de papier, il le confesse a la premiere occasion a son ami. En avril 1943 Bonhoeffer ecrit a ses parents :

„Liebe Eltern! Vor allem mufit Ihr wissen und auch wirklich glauben, dafi es mir gut geht. (...) eine so starke innere Umstellung, wie sie eine so uberraschende Verhaftung mit sich fuhrt, die Notigung, sich innerlich zurecht- und abzufinden mit einer vollig neuen Situation, - das alles lafit das Korperliche vollig zurucktreten und unwesentlich werden; und das empfinde ich als eine wirkliche Bereicherung meiner Erfahrung.“ (14.4.43, )

Dans la solitude de sa cellule, en mai probablement,[20] il griffonne cependant les mots suivants :

„Unzufriedenheit - Gespanntheit / Ungeduld/ Sehnsucht / Langeweile / Nacht - tief einsam (...) Selbstmord, nicht aus Schuldbewufitsein, sondern weil ich imgrunde schon tot bin, Schlufistrich, / Fazit. (...) Uberwindung im Gebet.“ (64)

Cette phase depressive, ses veritables sentiments, Bonhoeffer ne les cachera pas a la seule personne au monde qui lui connaisse des acces de melancolie :

„Und nun sei mir heute (...) wieder einmal, wie Du es schon so oft gewesen bist, mein Pfarrer und hore mich an.(...) Und nun lafi Dir also einiges berichten, was Du uber mich wissen sollst. (...) Ich bin in den ersten Tagen vor alien schweren Anfechtungen bewahrt worden. Du bist der einzige Mensch, der weifi, dafi die „acedia“ - „tristitia“ mit ihren bedrohlichen Folgen mir oft nachgestellt hat, und hast Dir vielleicht - so furchtete ich damals - in diese Hinsicht Sorgen gemacht.“ (18.11.43, 186f.)

„ Und schliefilich wurde ich anfangen, Dir zu erzahlen z.B. dafi es trotz allem, was ich so geschrieben habe, hier scheufilich ist, dafi mich die grauenhaften Eindrucke oft bis in die Nacht verfolgen (...) ich habe das Gefuhl, ich werde durch das, was ich sehe und hore um Jahre alter und die Welt wird mir oft zum Ekel und zur Last. (...) Du selbst schriebst so nett, ich sei „etwas bemuht“ gewesen, Euch uber meine Lage Zuversicht zu geben.“ (15.12.43, 235)

Devant cet ami qui le connait si bien, toute tentative de dissimulation de son etat d’esprit reel eut ete vaine.[21] Les signes d’incertitude, plus tard d’impatience voire d’agacement face a revolution de la procedure judiciaire a son encontre sont plus directement perceptibles dans les lettres qu’il adresse a son ami. Il n’y aurait pour s’en persuader qu’a mettre en regard la lettre a Eberhard du 18 au 23 novembre et la lettre a Maria du 21 novembre 1943 :

l’aspiration a la liberte, l’esquisse de projets pour plus tard[22] et, jusque dans une quasi identite de formulation, une reflexion sur l’attente au temps de l’avent et celle d’un prisonnier dans sa cellule sont communes aux deux ;[23] l’existence d’un testament, l’eventualite d’une condamnation, en revanche, ne sont evoquees que dans la lettre a l’ami de longue date dans un singulier balancement entre optimisme et pessimisme quant a la perspective d’un avenir.[24] De fagon comparable, autour de Noel 1943 l’incomprehension doublee d’impatience de Bonhoeffer, lorsque la veille de la date prevue du proces celui-ci est ajourne, se decline de fagon differente suivant qu’il s’adresse a sa fiancee, ses parents ou son ami.[25] Et si en fevrier 1944, une lettre adressee aux parents leur revele que la deception du fils est telle qu’il estimait etre plus sage pour lui de ne pas leur ecrire, de peur de laisser echapper quelque « parole injuste », ce qui, precisement, aurait pu etre perqu par eux comme « injuste » trouve son expression dans la lettre qu’il ecrit a son ami le lendemain.[26] Enfin, ce que Bonhoeffer ouvre a Eberhard, l’ami intime au lendemain du 20 juillet 1944 (la seule lettre que Bethge ait gardee lorsqu’ en 1997 il remit tout le reste Staatsbibliothek de Berlin), il ne peut (encore) le confier a Maria, la fiancee.

„Vielleicht wunderst Du Dich uber einen so personlichen Brief. Aber, wenn ich einmal so etwas sagen mochte, wem sollte ich es sonst sagen? Vielleicht kommt die Zeit, in der ich auch zu Maria einmal so sprechen kann; ich hoffe es sehr. Aber noch kann ich ihr das nicht zumuten.“ (21.7., 542)

Ce faisant, Bonhoeffer met en pratique ce qu’il est en train de theoriser, au meme moment, dans un essai sur «qu’est ce que dire la verite ? ».[27] « Dire la verite » doit etre fonction de la situation ou l’on se trouve, de la personne a laquelle on s’adresse.

“ Es mussen die jeweiligen Verhaltnisse bedacht werden. (...) Wie das Wort zwischen Eltern und Kindern deren Wesen gemafi ein anderes ist als zwischen Mann und Frau, zwischen Freund und Freund, (...) ebenso ist die in diesem Worte enthaltene Wahrheit eine verschiedene.“ (DBW 16, 620)

Les lettres que Dietrich Bonhoeffer fait illegalement parvenir a son ami Eberhard Bethge a partir de novembre 1943, en tout quelques 200 pages tres denses dans lesquelles il se livre a creur ouvert, ont donc ceci de particulier qu’elles ne passent pas par le double filtre de la censure et de l’autocensure. Il s’ensuit un certain equilibre dans l’echange, l’instauration d’un reel dialogue.

Bonhoeffer, moins applique a rassurer ses parents et sa fiancee, non seulement se confie a son ami, mais cherche aupres de lui quelque reconfort, pose des questions et attend des reponses.

Dans sa premiere lettre il lui fait part des doutes qu’il a pu avoir au debut quant a la motivation et la rectitude de son action dans la resistance :

„Anfangs beunruhigte mich auch die Frage, ob es wirklich die Sache Chris ti sei, um deretwillen ich Euch allen solchen Kummer zufuge; aber bald schlug ich mir diese Frage als Anfechtung aus dem Kopf und wurde gewifi, dafi gerade das Durchstehen eines solchen Grenzfalles mit aller seiner Problematik mein Auftrag sei und wurde daruber ganz froh und bin es bis heute geblieben. 1 Petr.2,20;3,14“ (18.11.43, 187f.)

Moins d’un mois plus tard, il s’enquiert de son avis sur les consequences possibles de cette action politique pour l’exercice futur de son metier :

„Dann wurde ich mit Dir daruber sprechen, ob Du glaubst, dafi dieser Prozefi, der mich in Zusammenhang mit der Abwehr gebracht hat (und ich denke, das ist kaum verborgen geblieben), moglicherweise die Ausubung meines Berufes fur spater gefahrdet? Diese Frage kann ich zunachst uberhaupt nur mit Dir besprechen und vielleicht konnen wir, falls es zur Sprecherlaubnis kommt, daruber etwas reden. Uberleg es Dir und sag mir bitte die Wahrheit.“ (15.12.43, 235f.)

Et Bethge se renseigne sans tarder aupres d’un responsable ecclesiastique et peut, debut janvier, donner une reponse rassurante a Bonhoeffer qui ne revient plus sur la question.[28]

Sid’une maniere generale et comprehensible, en mettant en contact avec le monde exterieur toute lettre etait la bienvenue et s’apparentait a un elixir de vie pour le prisonnier,[29] seule la correspondance assidue, le contact avec E. Bethge stimule voire reamorce sa reflexion.

„Lieber Eberhard! Als ich gestern Deinen Brief las, war es mir, als gabe eine Quelle, ohne die mein geistiges Leben zu verdorren begann, nach langer Zeit wieder den ersten Tropfen Wasser. (...) Jedenfalls hat Dein Brief meine gerade in den letzten Wochen etwas eingerosteten und mude gewordenen Gedanken wieder ins Laufen gebracht.“ (15.12.43, 232)

„Im ubrigen hat Dein Besuch mir die Anregung zu einer kleinen Arbeit gegeben, die ich Dir vielleicht schicken kann, und fur die grofie Arbeit hat er mir neu Mut und Lust gemacht.“ (Weihnachten 43 „erster Feiertag“, 258) Entre Bonhoeffer et Bethge, le dialogue theologique est proprement « inevitable ».[30] Bien que l’incarceration de l’un fasse de facto de l’autre le depositaire de ses ultimes pensees[31], ces memes pensees paraissent ne pas pouvoir voir le jour ou etre extraites des intuitions premieres et formulees de fapon intelligible sans l’echo ou du moins l’horizon de l’ami. Bonhoeffer insiste sur ce point, des sa premiere lettre, a ce stade du proces et de la correspondance, a propos de ses ecrits litteraires :

„Dann ging ich an ein kuhnes Unternehmen, (...); ich begann, die Geschichte einer burgerlichen Familie unserer Zeit zu schreiben. (...) Aber noch bin ich nicht weit uber die Anfange hinausgekommen, besonders durch die immer wieder falschen Prognosen uber meine Entlassung und die damit verbundene innere Ungesammeltheit. Es macht mir aber grofie Freude. Nun sprache ich gern taglich mit Dir daruber. Ja, das fehlt mir uberhaupt mehr als Du Dir denkst. Der Ursprung der Gedanken lag wohl oft bei mir, aber die Klarung vollig bei Dir. Ob ein Gedanke etwas taugte oder nicht, das erfuhr ich nur im Gesprach mit Dir.“ (18.11.43, 189)

Le terme de clarification, d’epuration (« Klarung ») est d’ailleurs recurrent a propos de l’operation que subissent dans le dialogue les ebauches de reflexion.[32] Quelques six mois plus tard, alors que les promesses de liberation ou de proces prochains cessent, que Bonhoeffer doit se faire a sa situation[33] et, du coup, parvient de nouveau a se concentrer et redevient productif,[34] il reaffirme a propos de ses « nouvelles pensees theologiques » combien Bethge lui est indispensable, au point d’ecrire en « deutsche Schrift » comme s’il ecrivait au brouillon pour lui-meme tout en s’adressant a son ami, parce que, de son propre aveu, les pensees prennent des contours plus nets dans le dialogue que dans la reflexion individuelle.

„ Verzeih, ich schrieb bisher in deutscher Schrift, wie ich sonst nur tue, wenn ich fur mich selbst schreibe; und vielleicht war das Geschriebene auch mehr fur mich selbst zur Klarung als fur Dich zur Belehrung abgefafit. (...) aber ich kann nicht anders, als Dich an meinen Gedanken teilnehmen lassen, einfach weil sie mir dadurch selbst erst klar werden.“ (5.5., 416)

„Ubrigens fande ich es ganz nett, wenn du meine theologischen Briefe nicht wegwerfen wurdest (...). Ich mochte sie spater vielleicht wieder einmal fur meine Arbeit lesen. Manches schreibt man im Brief unbefangener und lebendiger als im Buch, und im brieflichen Gesprach habe ich oft bessere Gedanken, als fur mich allein.“ (8.7., 513)

Or cet aspect des lettres a l’ami theologien, et tout particulierement des « lettres theologiques », le dialogue qu’elles postulent - et avec lui tout un fond de references culturelles, intellectuelles, theologiques et biographiques communes -, cette fonction maieutique qui leur revient, constitue bien plus qu’un simple aspect, il pose un veritable probleme de comprehension au lecteur « etranger » a cette correspondance, et a fortiori a un lecteur non- theologien. Autant la specificite des lettres a Eberhard Bethge, ecrites, contrairement a celles destinees aux parents et a la fiancee, sans la moindre censure de quelle que nature qu’elle ce soit, est somme toute assez facile a degager - du moins pour ce qui est de la constatation d’une ecriture plus libre, plus ouverte, plus authentique peut-etre -, autant des speculations naissantes en quete et en attente de discussion et de precision d’une lettre a l’autre representent un reel defi pour qui veut en saisir le sens et la portee.

Une analyse, meme superficielle, de la lettre du 30 avril 1944 que l’on considere comme etant la premiere des « lettres theologiques » donne a entrevoir, d’un point de vue thematique, quels sont les questions et les problemes theologiques que pose Bonhoeffer, d’un point de vue methodologique, quelles en sont les consequences et les difficultes pour leur etude approfondie, et au-dela, quels en sont, aussi bien thematiquement que methodologiquement parlant, les enjeux.

„ (...)Um mich brauchst Du Dir bitte wirklich garkeine Sorgen zu machen; es geht mir verhaltnismaSig gut, und Du wurdest Dich wundern, wenn Du mich besuchen kamest. (...)Dich wundern oder vielleicht sogar Sorgen machen wurden Dir hochstens meine theologischen Gedanken mit ihren Konsequenzen, und hierin fehlst Du mir nun wirklich sehr denn ich wuSte nicht, mit wem ich sonst uberhaupt so daruber sprechen konnte, daS es fur mich eine Klarung bedeutet. Was mich unablassig bewegt, ist die Frage, was das Christentum oder auch wer Christus heute fur uns eigentlich ist. Die Zeit, in der man das den Menschen durch Worte — seien es theologische oder fromme Worte — sagen konnte, ist voruber; ebenso die Zeit der Innerlichkeit und des Gewissens, und d.h. eben die Zeit der Religion uberhaupt. Wir gehen einer vollig religionslosen Zeit entgegen; die Menschen konnen einfach, so wie sie nun einmal sind, nicht mehr religios sein. Auch diejenigen, die sich ehrlich als „religios” bezeichnen, praktizieren das in keiner Weise; sie meinen also vermutlich mit „religios” etwas ganz anderes. Unsere gesamte 1 900jahrige christliche Verkundigung und Theologie aber baut auf dem „religiosen Apriori” der Menschen auf. „Christentum” ist immer eine Form (vielleicht die wahre Form) der „Religion” gewesen. Wenn nun aber eines Tages deutlich wird, daS dieses „Apriori” garnicht existiert, sondern daS es eine geschichtlich bedingte und vergangliche Ausdrucksform des Menschen gewesen ist, wenn also die Menschen wirklich radikal religionslos werden — und ich glaube, daS das mehr oder weniger bereits der Fall ist (woran liegt es z.B. daS dieser Krieg im Unterschied zu allen bisherigen eine „religiose” Reaktion nicht hervorruft?) — was bedeutet das dann fur das „Christentum”? Unserem ganzen bisherigen „Christentum” wird das Fundament entzogen, und es sind nur noch einige „letzte Ritter” oder ein paar intellektuell Unredliche, bei denen wir „religios” landen konnen. Sollten das etwa die wenigen Auserwahlten sein? Sollen wir uns eifernd, piquiert oder entrustet ausgerechnet auf diese zweifelhafte Gruppe von Menschen sturzen, um unsere Ware bei ihnen abzusetzen? Sollen wir ein paar Ungluckliche in ihrer schwachen Stunde uberfallen und sie sozusagen religios vergewaltigen? Wenn wir das alles nicht wollen, wenn wir schlieSlich auch die westliche Gestalt des Christentums nur als Vorstufe einer volligen Religionslosigkeit beurteilen muSten, was fur eine Situation entsteht dann fur uns, fur die Kirche? Wie kann Christus der Herr auch der Religionslosen werden? Gibt es religionslose Christen? Wenn die Religion nur ein Gewand des Christentums ist - und auch dieses Gewand hat zu verschiedenen Zeiten sehr verschieden ausgesehen - was ist dann ein religionsloses Christentum? Barth, der als einziger in dieser Richtung zu denken angefangen hat, hat diese Gedanken dann doch nicht durchgefuhrt und durchdacht, sondern ist zu einem Offenbarungspositivismus gekommen, der letzten Endes doch im Wesentlichen Restauration geblieben ist. Fur den religionslosen Arbeiter oder Menschen uberhaupt ist hier nichts Entscheidendes gewonnen. Die zu beantwortenden Fragen waren doch: was bedeutet eine Kirche, eine Gemeinde, eine Predigt, eine Liturgie, ein christliches Leben in einer religionslosen Welt? Wie sprechen wir von Gott — ohne Religion, d.h. eben ohne die zeitbedingten Voraussetzungen der Metaphysik, der Innerlichkeit etc. etc.? Wie sprechen (oder vielleicht kann man eben nicht einmal mehr davon „sprechen” wie bisher) wir „weltlich” von „Gott”, wie sind wir ,,religionslos—weltlich” Christen, wie sind wir eK-KAqoia, Herausgerufene, ohne uns religios als Bevorzugte zu verstehen, sondern vielmehr als ganz zur Welt Gehorige? Christus ist dann nicht mehr Gegenstand der Religion, sondern etwas ganz anderes, wirklich Herr der Welt. Aber was heiSt das? Was bedeutet in der Religionslosigkeit der Kultus und das Gebet? Bekommt hier die Arkandisziplin, bzw. die Unterscheidung (die Du ja bei mir schon kennst) von Vorletztem und Letztem neue Wichtigkeit?

Ich muS heute abbrechen, da der Brief gerade mit weg kann. (...) Es ist nicht leicht, immer echolos zu schreiben; Du muSt entschuldigen, wenn es dadurch etwas monologisch wird!

(...)

Ich kann doch noch etwas weiterschreiben. — Die paulinische Frage, ob die nspnopq Bedingung der Rechtfertigung sei, heiSt m.E. heute, ob Religion Bedingung des Heils sei. Die Freiheit von der nspnopq ist auch die Freiheit von der Religion. Oft frage ich mich, warum mich ein „christlicher Instinkt” haufig mehr zu den Religionslosen als zu den Religiosen zieht, und zwar durchaus nicht in der Absicht der Missionierung, sondern ich mochte fast sagen „bruderlich”. Wahrend ich mich den Religiosen gegenuber oft scheue, den Namen Gottes zu nennen, — weil er mir hier irgendwie falsch zu klingen scheint und ich mir selbst etwas unehrlich vorkomme, (besonders schlimm ist es, wenn die anderen in religioser Terminologie zu reden anfangen, dann verstumme ich fast vollig, und es wird mir irgendwie schwul und unbehaglich) — kann ich den Religionslosen gegenuber gelegentlich ganz ruhig und wie selbstverstandlich Gott nennen. Die Religiosen sprechen von Gott, wenn menschliche Erkenntnis (manchmal schon aus Denkfaulheit) zu Ende ist oder wenn menschliche Krafte versagen — es ist eigentlich immer der deus ex machina, den sie aufmarschieren lassen, entweder zur Scheinlosung unlosbarer Probleme oder als Kraft bei menschlichem Versagen, immer also in Ausnutzung menschlicher Schwache bzw. an den menschlichen Grenzen; das halt zwangslaufig immer nur solange vor, bis die Menschen aus eigener Kraft die Grenzen etwas weiter hinausschieben und Gott als deus ex machina uberflussig wird; das Reden von den menschlichen Grenzen ist mir uberhaupt fragwurdig geworden (ist selbst der Tod heute, da die Menschen ihn kaum noch furchten, und die Sunde, die die Menschen kaum noch begreifen, noch eine echte Grenze?), es scheint mir immer, wir wollten dadurch nur angstlich Raum aussparen fur Gott; — ich mochte von Gott nicht an den Grenzen, sondern in der Mitte, nicht in den Schwachen, sondern in der Kraft, nicht also bei Tod und Schuld, sondern im Leben und im Guten des Menschen sprechen. An den Grenzen scheint es mir besser, zu schweigen und das Unlosbare ungelost zu lassen. Der Auferstehungsglaube ist nicht die „Losung” des Todesproblems. Das „Jenseits” Gottes ist nicht das Jenseits unseres Erkenntnisvermogens! Die erkenntnistheoretische Transzendenz hat mit der Transzendenz Gottes nichts zu tun. Gott ist mitten in unserm Leben jenseitig. Die Kirche steht nicht dort, wo das menschliche Vermogen versagt, an den Grenzen, sondern mitten im Dorf. So ist es alttestamentlich, und in diesem Sinne lesen wir das N.T. noch viel zu wenig vom Alten her. Wie dieses religionslose Christentum aussieht, welche Gestalt es annimmt, daruber denke ich nun viel nach und ich schreibe Dir bald daruber mehr. Vielleicht wird hier gerade uns in der Mitte zwischen Osten und Westen eine wichtige Aufgabe zufallen. Jetzt muS ich wirklich schlieSen. Wie schon ware es, einmal ein Wort von Dir zu all dem zu horen. Es wurde fur mich wirklich sehr viel bedeuten, mehr als Du vermutlich ermessen kannst! - Lies ubrigens gelegentlich Spruche 22,11.12. Hier ist der Riegel gegen jede fromm getarnte Flucht.

Alles, alles Gute!

Von Herzen Dein Dietrich

(30.4.44, 402-408)

Attardons-nous d’abord, parce que nous n’y reviendrons pas, sur certains aspects d’ordre contextuel et formel, propres a mettre en evidence la place tout a fait particuliere qui revient aux « lettres theologiques » dans la correspondance entre Bonhoeffer et Bethge. Ces aspects sont plus ou moins visibles dans cette lettre mais caracteristiques de celles qui lui succederont.

Bien qu’elles ne soient pas retenues par le passage oblige entre les mains d’un lecteur indesirable, elles n’en subissent pas moins certaines contraintes liees de pres ou de loin aux temps de guerre et au cours des evenements. Elles en portent la marque.

Ici (lignes 48, 51, 84-85) c’est l’occasion subite de remettre la missive a un « facteur » bienveillant[35] qui semble devoir interrompre Bonhoeffer dans son elan ; ailleurs, elle l’interrompt reellement :

„ Gerade jetzt mufi ich naturlich unterbrochen werden! Lafi mich nur schnell noch mal das Thema, um das es mir geht, formulieren: die Inanspruchnahme der mundig gewordenen Welt durch Jesus Christus. Ich kann heute nicht weiter schreiben, sonst bleibt der Brief wieder eine Woche liegen und das mochte ich nicht. Also Fortsetzung folgt!“ (30.6., 505)

En juin 1944 Bonhoeffer arrete pendant trois semaines de distiller ses pensees theologiques dans des lettres, incertain que son destinataire, reparti pour le front en Italie, les reqoive effectivement. A la premiere nouvelle dans ce sens, il reprend, sans attendre, le fil de ses idees:

„Heute will ich Dir eigentlich nur einen Grufi schicken. Die Fortsetzung der theologischen Ausfuhrungen oder Gedichte wage ich nicht einzulegen, da ich nicht weifi, ob Dich die Feldpostnummer noch erreicht. Sobald ich das erfahre, folgt Weiteres.“ (21.6., 491)[36]

„Eben bekomme ich die hocherfreuliche Nachricht, dafi du geschrieben hast und die alte Feldpostnummer behalten hast (...). Und nun will ich versuchen, das neulich abgebrochene theologische Thema weiterzufuhren.“ (30.6., 503)

Le developpement de ce theme theologique connait (certes) un point d’orgue au lendemain de l’attentat manque contre Hitler au profit d’un message plus « personnel ».

„Heute will ich Dir nur so einen kurzen Grufi schicken. Ich denke, Du wirst in Gedanken so oft und viel hier bei uns sein, dafi Du Dich uber jedes Lebenszeichen freust, auch wenn das theologische Gesprach einmal ruht. Zwar beschaftigen mich die theologischen Gedanken unablassig, aber es kommen dann doch auch Stunden, in denen man sich mit den unreflektierten Lebens- und Glaubensvorgangen genugen lafit. (...) Vielleicht wunderst Du Dich uber einen so personlichen Brief. Aber, wenn ich einmal so etwas sagen mochte, wem sollte ich es sonst sagen?“ (21.7., 541, 542)

Mais meme cet evenement a la suite duquel Bonhoeffer doit s’attendre au pire ne met pas un terme a ses reflexions.

Comme cette lettre du 30 avril 1944 (« (...) » 1.1,2), la plupart des « lettres theologiques » comportent egalement des fragments de vie quotidienne, susceptibles de servir au biographe que Bethge etait appele a devenir - par Bonhoeffer lui-meme.[37] Mais Bonhoeffer distingue toujours clairement les communications privees des developpements theologiques, leur conferant par-la meme un statut particulier. La cesure est marquee formellement par un alinea (quand l’alimentation en papier du prisonnier le permet) et toujours par une formule introductive sans ambiguite, comme, par exemple dans la lettre du 30 juin que nous venons de citer.[38]

Ces quelques remarques montrent quelle importance Bonhoeffer accordait a ses « lettres theologiques ». Leur place a part dans toute sa correspondance et, ne l’oublions pas, le role primordial de « clarificateur » attribue a son destinataire (l. 4-6, 48-51, 84-85), et donc leur caractere idealement dialogique, font de ces pages un support formel nouveau pour une theologie presentee comme nouvelle. Et dont presque tous les elements sont deja presents dans la lettre du 30 avril.

Qu’est ce que le christianisme, qui est le Christ pour nous aujourd’hui ? Une seule question sous laquelle toutes les autres sont subsumees pose d’entree de jeu le probleme qui preoccupe Bonhoeffer. Elle est formulee de faqon assez abstraite et, disons le tout de suite, non specifique aux lettres de captivite. Aussi Bonhoeffer precise-t-il sa pensee, tout particulierement ce qu’il entend par « aujourd’hui » (cette fois-ci). Il constate qu’aujourd’hui les mots des theologiens, les pieuses paroles ne parlent plus aux gens et prophetise la venue d’une ere areligieuse. (l.7-13) Puis il reformule cette constatation de faqon plus historisante et theologisante en s’interrogeant sur la validite de l’ « a priori religieux », fondement aujourd’hui vacillant, et peut-etre fallacieux, de toute predication chretienne. De la constatation empirique de ce que les hommes d’aujourd’hui ne peuvent plus etre religieux a la remise en cause du fondement suppose de la religion chretienne, Bonhoeffer explicite et problematise sa question de depart et en vient a se demander quelles consequences tirer de cette situation pour le christianisme et l’Eglise. Une cascade de questions interrompue seulement par l’irruption du « facteur » (probablement) donne alors corps aux preoccupations du theologien a l’ecoute de son temps. Rhetoriques au debut, ses questions expriment ce qu’il rejette : malhonnetete intellectuelle et violence spirituelle, « viol religieux » de personnes en situation de faiblesse. (l. 22-27). Suit alors une succession de questions introduites par « was » ou par « wie », ou les premieres, formellement des questions de fond (« que serait alors un christianisme areligieux ? » (l. 32) « que representent une Eglise, une communaute religieuse, une predication, une liturgie, une vie chretienne dans un monde areligieux ? » (l. 37-38) ne le sont qu’en apparence et se trouvent toujours immediatement explicitees par des considerations d’ordre pratique (comment parler de Dieu sans religion ? comment devenir des chretiens areligieux pleinement ancres dans le monde). Enfin, la derniere question de cette premiere moitie de lettre apporte une amorce de reponse en pressentant la necessite d’une redefinition, d’ une revalorisation de la discipline de l’arcane et de la distinction des realites dernieres et avant- dernieres.

La deuxieme partie de la lettre complete la premiere. Elle enrichit la constatation du nombre croissant de personnes areligieuses et du petit nombre de celles qui se disent religieuses des experiences que le theologien a pu avoir au contact des unes et des autres (attirance quasi fraternelle pour les unes (l. 53-56) ; malaise vis-a-vis des autres (l. 56-60)) rendant manifeste que ses nouvelles reflexions prennent leur racine dans des observations, fussent-elles dans leur expression la plus forte coincees entre deux tirets et deux parentheses (l. 18-20 ; l. 57-60). Bonhoeffer (une fois de plus) part de l’experience. Il profite egalement du petit delais accorde pour preciser le comportement inadapte des « religieux » qui parlent de Dieu aux limites cognitives, emotionnelles et existentielles de l’homme (l. 61-71). La critique de ce comportement douteux qui ne fait justice ni a Dieu, ni aux hommes, esquissee dans les questions rhetoriques dans la premiere moitie du developpement gagne des contours plus nets dans la deuxieme, par contraste : en multipliant les oppositions (limites/centre, faiblesse/force ; mort/vie...) et les negations (l. 71-79), en forgeant quelques formules marquantes (« C’est au creur de notre vie que Dieu est transcendant » (l. 78)) Bonhoeffer donne les grandes lignes de la necessaire reorientation que les chretiens (areligieux) devront accomplir s’ils veulent de nouveau atteindre les non-religieux. A l’instar de sa premiere fin de lettre ou il fournissait une premiere piste concrete de reinterpretation (l. 46-47), Bonhoeffer, au terme de ce second developpement, suggere par la negative qu’il faudrait reinterpreter le Nouveau Testament a partir de l’Ancien Testament (l. 79-80).

Des cette premiere lettre, les grands themes sont donnes, de meme que la maniere dont ils s’articulent : ce sera la vie contre une religiosite mal comprise, un Dieu transcendant-immanent car vivant (Jesus-Christ) contre le deus ex machina auquel on le reduit (« Dieu comme bouche-trou ») ; dans l’ ere areligieuse la redefinition du christianisme pourrait passer, pour l’Eglise et les chretiens, par une reintroduction de la discipline de l’arcane, redefinissant le rapport des realites dernieres et avant-dernieres, et par une revalorisation de l’Ancien Testament ; plus tard, Bonhoeffer introduira la notion d’interpretation non religieuse de notions bibliques.

Cette forte polarisation thematique prete a consequence pour la maniere dont nous allons apprehender l’etude du contenu theologique de ces lettres. De meme que la demarche bonhoefferienne qui procede fondamentalement en deux temps : partant d’observations personnelles et historiques, il fait le constat de la fin du christianisme comme religion et amorce une critique de la religion, en suite il cherche a determiner quels seraient les reajustements, redefinitions qui s’imposeraient. A sa lettre du 3 aout 1944, prenant le risque de dire des choses contestables pourvu qu’elles soulevent des questions d’importance vitale,[39] il joint l’ebauche d’une etude. Bien qu’il y propose un plan en trois parties („1) Bestandaufnahme des Christentums, 2) Was ist eigentlich christlicher Glaube ?, 3) Folgerungen“ (556)),il considere qu’il y a un premier moment « critique » et un deuxieme moment « positif ».[40] La structure globale de notre etude, calquee sur celle de Bonhoeffer, telle qu’elle se fait jour dans la premiere lettre theologique et ailleurs, s’impose d’elle-meme.

Constat et critique du christianisme comme religion.

(«I. Dieu aux limites du monde devenu majeur. Du constat de la fin du christianisme comme religion a la critique de la religion »)

« Comment le Christ peut-il devenir aussi le seigneur des non- religieux » ?

(« II. Jesus-Christ au centre du monde devenu majeur, de la religion a la vie »)

L’une des grandes difficultes pour une etude approfondie de ces lettres tient a la nature meme de ces pensees, assorties, de maniere visible et avouee de nombreux points d’interrogation, et pas seulement dans la premiere des lettres theologiques :

„ Du stellst inbezug auf die Gedanken, die mich in letzter Zeit beschaftigen, so viele wichtige Fragen, dafi ich froh ware, wenn ich sie selbst beantworten konnte. Es ist eben noch alles sehr im Anfang und es leitet mich, wie meist, mehr der Instinkt fur kommende Fragen, als dafi ich uber sie schon Klarheit hatte.“ (8.6., 476)

Il est difficile et perilleux de saisir le sens de reflexions « inachevees » qui posent probleme meme a leur auteur, dans la phase constructive principalement.

Mais il est difficile aussi, de saisir le sens de reflexions non perques comme problematiques par leur auteur, dans la phase critique principalement. Cette difficulte tient a la forme epistolaire ou Bonhoeffer reste parfois tres allusif, fait l’economie de maint developpement explicatif qu’un travail universitaire aurait rendu incontournable. Cela implique de notre part un certain travail de decryptage, qui restera necessairement modeste, mais pour lequel nous aurons recours dans la mesure du possible aux reuvres des theologiens cites, ou du moins aux commentaires que Bonhoeffer a pu faire a leur propos dans sa production anterieure.

Pour en revenir a la lettre du 30.4. par exemple, si l’on peut y apercevoir l’heritage de la theologie liberale (l. 17, 30-32), reconnaitre une reference a Troeltsch, auteur du concept d’ « a priori religieux » (l. 14, 16), le reproche de « positivisme de la Revelation » fait a Barth a de quoi laisser perplexe. Elle a laisse perplexe Karl Barth lui-meme, tout comme le caractere inacheve des pensees programmatiques :

„Nun hat er uns mit den anigmatischen Aufierungen seiner Briefe allein gelassen - nach mehr als einer Stelle eigentlich deutlich verratend, dafi er zwar ahnte, aber noch keineswegs wufite, wie die story nun eigentlich weitergehen solle: z.B was er mit dem bei mir wahrgenommenen ,Offenbarungspositivismus’ ganz genau meinte, und erst recht: wie das Programm eines unreligiosen Redens zur Durchfuhrung kommen sollte.“[41]

[...]


[1] „ Lieber Eberhard! Ich mufi die Gelegenheit Deiner Nahe einfach wahrnehmen, Dir zu schreiben. “ (18.11.43, 187) Nous citons d’apres l’edition critique de Widerstand und Ergebung, le volume 8 de l’edition complete paru en 1998. Nous indiquerons toujours la date de redaction des lettres pour mieux situer les « paroles » les unes par rapport aux autres. Une date suivie d’un numero de page sans autre reference bibliographique ne pourra etre qu’une citation de Widerstand und Ergebung.

[2] „ Stehst Du mit Deinem dortigen Kollegen R. so gut, dafi Du mit ihm uber das Mirakel der Korrespondenz sprechen kannst? Ich wundere mich etwas daruber. “ (Juni 44, 460) La correspondance entre Bonhoeffer et Bethge etait illegale, nous y reviendrons, sa decouverte aurait constitue un danger certain pour eux; ne devaient etre au courant de son existence que des personnes de confiance.

[3] Des le debut, dans une lettre adressee a Dietrich Bonhoeffer, dont il sait parfaitement que si elle lui parvient, elle aura ete lue par Roeder (charge de l’instruction) : „Wenn ich wufite, dafi Ihr alle, dafi Du nicht mit Vorwurfen an mich denkst - ein Stein fiele von meiner Seele. Was gabe ich darum Euch wieder frei zu wissen; alles wurde ich auf mich nehmen, wenn Euch diese Prufung erspart bleiben konnte. “ (von Hans von Dohnanyi, Karfreitag 1943, 48) Et a la toute fin ou il demande a sa femme de lui fournir de quoi avoir une diphterie pour, en attendant la fin de la guerre, interrompre les interrogatoires qui ont repris de plus belle avec la decouverte de documents importants, entrainant logiquement la peine de mort.„Das ist die Lebensrettung nicht nur fur mich, sondern fur viele andere auch, deren Sache mit der meinen verbunden ist, jedenfalls fur Dietrich. (...) P. scheint ubrigens ungeschickt uber Dietrich ausgesagt zu haben, der sich seinerseits wieder auf mich als Quelle berufen hat - ein Rattenschwanz von Aussagen, die nicht ungeschickt gegeneinander ausgespielt werden. - Ich glaube, ich kann nicht mehr viel helfen.-“ (Kassiber vom 8.3.45 von H. v. Dohnanyi an seine Frau. In: BETHGE, Eberhard und Renate (Hg.): Letzte Briefe im Widerstand aus dem Kreis der Familie Bonhoeffer. KT 21, Chr. Kaiser Verlag, Munchen, 2. Auflage 1988, S. 83, 85f.

[4] „Nach meiner Auffassung ware ich beim Termin am 17. XII. freigekommen; aber die Juristen wollten den sichereren Weg gehen, und nun werde ich voraussichtlich noch Wochen, wenn nicht Monate hier sitzen. “(18.12.43,241f.)

„Man hat mir gesagt, ich solle mich vorlaufig nicht auf eine Veranderung meines derzeitigen status einstellen, und das, nachdem man mir bisher alle 14 Tage neue Versprechungen gegeben hat. Ich kann das zwar weder fur richtig, noch fur klug halten und ich mach mir meine eigenen Gedanken daruber, uber die ich sehr gern mit Dir sprache - aber ich mufi mich eben praktisch danach reichten, da ich mich mit meiner Auffassung nicht durchsetzen kann.“ (11.4.,391)

[5] Premier voyage en Suisse (24.2.-24.3.1941) Voir DB 813-824 (Erstes Stadium : Information, Fruhjahr 1941.)

[6] Deuxieme voyage en Suisse (29.8.-26.9.1941) Voir DB 825-844 (Zweites Stadium : Friedensziele, Herbst 1941)

[7] Voir DB 843-878 (Drittes Stadium : Umsturzmitteilung, 1942). Voyage en Norvege (11.-18.4.1942), troisieme voyage en Suisse (11. - 26.5.1942) et surtout voyage en Suede (30.5.-2.6.1942) : “Bonhoeffers und Hans Schonfelds Begegnung mit Bischof Bell in Schweden Ende Mai/Anfang Juni 1942 ist langst zu einem historischen Datum geworden." (DBW 16, 690 (Nachwort der Hrsg.))

Voir aussi dans DBW 16, 776-782 le memorandum que l’Eveque de Chichester remit au Ministere des Affaires Etrangeres britannique a la suite de cette entrevue. Bonhoeffer avait nomme Beck, Hammerstein, Goerdeler, Leuschner, Kaiser, Schacht et ajoute: “Organisation in jedem Ministerium, Amtstrager in allen grofien Stadten, kommandierende Generale und ihnen nahestehende Kommandoinhaber an der Heimatfront (Wehrkreiskommandeure), (Hitler halt sich immer in seinem Quartier in Ostpreufien auf - in Furcht - man braucht ein Regiment, um ihn loszuwerden). (...) Die meisten Feldmarschalle sind zuverlassig - von Kluge (Christ), von Bock, Kuchler, Witzleben (nicht so wahrscheinlich, dafi er ganz vorn auftauchen wurde." (DBW 16, 764f.)

[8] „R. wollte mir am Anfang gar zu gern an den Kopf; nun mufite er sich mit einer hochst lacherlichen Anklage begnugen, die ihm wenig Ruhm eintragen wird.“ (30.11.43, 216) et „Auch hoffe ich doch, dafi Du im Februar auf irgendeine Weise ein paar Tage Urlaub herausschlagst, und bis dahin bin ich bestimmt raus; denn bei dem Quatsch, den sie mir anhangen, mussen sie mich beim Termin herauslassen. “ (15.12.43, 237) ecrit-il a E. Bethge dans des lettres qui, bien entendu, contournent le censeur, Roeder. L’accusation ridicule, la broutille en question : avoir cherche a echapper a l’enrolement dans l’armee. (cf. DBW 16, 432f. Anklageverfugung des Reichskriegsgerichts (2 1.9.1943))

[9] „Solange Hans krank ist, kann keine Veranderung vorgenommen werden.“(21.2.,332)

[10] En mai, Bonhoeffer ecrit: „Da aber die Zeitfrage ungelost bleibt, so verliere ich eigentlich das Interesse an meiner Angelegenheit; ich vergesse sie oft wochenlang.“ (7.5., 420) Or son beau-frere et lui sont informes de l’avancee des preparatifs pour un attentat contre Hitler. Une lueur d’espoir transparait le 9 juillet, lorsque Bonhoeffer salue son ami en lui disant qu’il pense qu’ils se reverront bientot (513). Le 16 juillet Bonhoeffer informe Bethge de fagon codee dans une lettre pourtant secrete que le tyrannicide ne saurait tarder. Au milieu de nouvelles concernant d’autres membres de la famille, on lit ; „Sehr froh bin ich, dafi Klaus so guter Dinge sein soll! Er war langere Zeit so deprimiert. Nun, ich denke, alles, was ihn so bedruckt, wird bald wieder in Ordnung kommen; ich wurde es ihm und der ganzen Familie sehr wunschen.“ (16.7., 528) Bethge commente: „ die Anspielung auf seinen Bruder Klaus hiefi einfach : die Verschworung ist am Ziei. “ (DB 927)

[11] D’apres le titre frangais de la correspondance entre Dietrich Bonhoeffer et Maria von Wedemeyer publiee pour la premiere fois en allemand en 1992.Lettres de fiangailles, Cellule 92: 1943-1945 / Dietrich Bonhoeffer, Maria von Wedemeyer. Labor & Fides, Geneve 1998.

[12] „Meine liebste, gute Maria! 1st das nicht herrlich, dafi ich Dir nun auch selbst schreiben kann? Wie habe ich mich nach diesem Augenblick gesehnt! Alle 4 Tage darf ich schreiben und ich werde also zwischen Dir und den Eltern abwechseln." (30.7.43, Brautbriefe, 32)

[13] Celui-ci n’apparaissait jusqu’alors que sous la forme masquee de « Renate et son fiance », par exemple, dans la correspondance entre Dietrich et Paula et Karl Bonhoeffer, ses parents. Cf. la premiere lettre du pere, Karl Bonhoeffer (9/11.4.43, 43)

[14] „Gestern war ich seit Monaten zum ersten Mal in der Stadt; man war sehr freundlich zu mir, aber zugleich wurde mir gesagt, dafi ich noch eine ganze Weile Geduld haben musse; vor Pfingsten sei eine Veranderung nicht zu erwarten." (an M. von Wedemeyer, 16.4., Brautbriefe, 169)

[15] La caracterisation de « lettre theologique » n’est pas le fait de commentateurs, elle est de Bonhoeffer lui- meme, dans une lettre (8.7., 513) citee plus loin.

[16] Plus de quatre mois apres sa premiere lettre illegale a E. Bethge, Bonhoeffer fait parvenir par l’entremise d’un sous-officier (Knobloch) une lettre non censuree a sa fiancee : „Tegel, 11.III. 44, Meine liebe, liebe Maria ! Es geht nun nicht mehr longer, ich mufi endlich einmal an Dich schreiben und zu Dir sprechen, ohne dafi ein Dritter daran teilnimmt. Ich mufi Dich in mein Herz sehen lassen, ohne dafi ein anderer, den es nichts angeht, mit hineinguckt. (...) Bitte lafi uns diesen Brief wegen seines ungewohnlichen Weges weder schriftlich noch mundlich erwahnen!" (11.3., Brautbriefe, 150, 153)

Quelques autres lettres dejouant la censure parviendront a M. von Wedemeyer : une lettre non datee, du printemps 1944 (Brautbriefe 175-178), ainsi que la lettre du 29.5.44 (Brautbriefe, 189-191) et les poemes « Vergangenheit » et « Jona ».

[17] Que cette correspondance doive rester secrete et invisible semble aller de soi: „ Vielleicht hast Du Lust, den Zettel [mit aufgeschriebenen Versen] in Deine Brieftasche zu stecken? Der ubrige Brief mufi naturlich weg." (20.11.43, 196) Que ces lettres ne doivent pas disparaitre definitivement, (surtout lorsqu’elles s’apparenteront a des brouillons de reflexions theologiques) fait l’objet d’une requete expresse de Bonhoeffer: „ Ubrigens fande ich es ganz nett, wenn du meine theologischen Briefe nicht wegwerfen wurdest (...). Ich mochte sie spater vielleicht wieder einmal fur meine Arbeit lesen." (8.7., 513)

[18] „Schliefilich sind Bonhoeffers Briefe an mich vorhanden, etwa 200 eng beschriebene Seiten, vom November 1943 bis zum August 1944, ausnahmslos geschmuggelt. (...) Einen letzten Satz von Briefen aus dem September 1944 verbrannte ich eilig, als ich bei der eigenen Verhaftung im Oktober 1944 annehmen mufite, dafi meine Verbindung mit Bonhoeffer eine Rolle spielen konnte.“ (DB 940)

[19] Karl et Paula Bonhoeffer attendaient de leurs enfants qu’ils se comportent de fapon responsable, et se preoccupent toujours plus des autres que d’eux-memes. „Gemafi der Bonhoefferschen Erziehung deutete man Gefuhle nur in der Art an, wie man sich nach den Wunschen und den Angelegenheiten des anderen erkundigte. Die eigenen Note erschienen umgesetzt in die Ratschlage fur die anderen; und wenn die Schwierigkeiten besonders lasteten, vermittelte man eine Dosis Selbstbewufitsein, dafi man gemeinsam durch eine Folge nicht nur privater, sondern exemplarischer Erlebnisse hindurchgehe. “ (DB 941) On pourrait citer de nombreuses lettres et anecdotes des huit enfants Bonhoeffer. Mentionnons a titre de temoignage un echange epistolaire entre Paula et Dietrich Bonhoeffer a l’automne 1943 ; „Aber eines kann ich nur sagen, ich war immer stolz auf meine 8 Kinder und bin es jetzt, wo ich sehe, wie sie sich mit Wurde und Anstand in so unbeschreiblicher Lage halten, noch mehr denn je.“ (von Paula Bonhoeffer, 3.10.43, 169) „Es ist immer so beruhigend, Euch so gelassen und heiter bei all dem Widerwartigen, was Ihr durch meine Verhaftung durchmachen mufit, zu finden. Du, liebe Mama, hast kurzlich einmal geschrieben, dafi Du „stolz“ darauf warest, dafi Deine Kinder sich in so schauderhafter Lage „ anstandig" benehmen. In Wirklichkeit haben wir alle das von euch beiden gelernt, besonders, wenn Ihr bei ernsten Krankheiten in der Familie so vollig ruhig wurdet und Euch nichts anmerken liefit. So ist da wohl ein Erbstuck geworden. “ (an die Eltern 17.11.43, 184)

[20] Bonhoeffer ecrivit ces mots sur un morceau de papier indiquant le contenu d’un paquet de vivres que son pere avait depose pour lui le 8 mai 1943. (Bilderband, 207.)

[21] Quatre jours apres avoir rendu visite a Bonhoeffer en compagnie des parents et de la fiancee de celui-ci, E. Bethge observait: „Munter und frisch, garnicht blafi und im ganzen wie gewohnt die Situation beherrschend, ein wenig bemuht, uns unter alien Umstanden uber Deine Lage Trost und Vertrauen zu vermitteln.“ (30.11.43, 220) Bonhoeffer de son cote ecrivit a la suite de cette entrevue : „ Nun hast Du Dich ja selbst davon uberzeugen konnen, dafi ich in jeder Hinsicht der Alte bin und dafi es mir gut geht. Ich glaube, es hat ein Augenblick genugt, um uns beiden klarzumachen, dafi alles, was in den vergangenen 7 % Monaten vorgefallen ist, uns beide im Wesentlichen unverandert gelassen hat; ich hatte es auch keinen Moment je bezweifelt und Du gewifi auch nicht. Das ist der Vorteil, wenn man 8 Jahre lang fast jeden Tag, jedes Ereignis miteinander erlebt, jeden Gedanken miteinander besprochen hat. Da braucht man nur eine Sekunde, um ubereinander Bescheid zu wissen, und eigentlich braucht man nicht einmal mehr diese Sekunde.“ (26.11.43, 2 10)

[22] Dans sa lettre du 12.11.43, Maria propose que lorsque Dietrich sortira de prison ils laissent les autres preparer les festivites pour leur mariage et partent quelque part en amoureux. (cf. Brautbriefe, 79 )Dans sa reponse du 21, il consacre un paragraphe entier a imaginer ou ils iraient, a peser le pour et le contre (cf. Brautbriefe, 83). Il fait egalement part de ses plans a son ami: „Meine Heiratsplane: wenn ich frei bin und noch wenigstens ein paar Monate nicht eingezogen werde, so will ich heiraten." (18.11.43, 192)

[23] „ Weifit Du, so eine Gefangniszelle, in der man wacht, hofft, dies und jenes - letztlich Nebensachliches - tut, und in der man ganz darauf angewiesen ist, dafi die Tur der Befreiung von aufien aufgetan wird, ist gar kein so schlechtes Bild fur den Advent." (Brautbriefe, 83) „ So eine Gefangniszelle ist ubrigens ein ganz guter Vergleich fur die Adventssituation; man wartet, hofft, tut dies und jenes - letztlich Nebensachliches -, die Tur ist verschlossen und kann nur von aufien geoffnet werden. Das fallt mir nur ebenso ein." (21.11.43, 197) La pensee est la meme, la formulation similaire et pourtant le ton est different : reflexion dite en passant, rapidement partagee avec l’ami (« c’est d’ailleurs, j’y pense, une tres bonne metaphore pour la situation de l’avent »), elle se veut rassurante, presque consolatrice pour la jeune fiancee (« tu sais...ce n’est pas une si mauvaise image pour l’avent »).

[24] „ Ich habe fur alle Falle dem Anwalt ein Testament ubergeben, in dem ich Dir fast alles, was ich habe, zugeschrieben habe. Nur Maria mufi sich vorher heraussuchen durfen, was sie haben mochte als Erinnerung. (...) Ob es sich fur den Fall, dafi ich nicht verurteilt werde, sondern freikomme und eingezogen werde, nicht einrichten liefie, dafi ich in Deine Gegend komme? Das ware doch herrlich! Ubrigens mach Dir, falls ich verurteilt werden sollte, was man nie wissen kann, gar keine Sorge um mich! Das trifft mich wirklich nicht (...) Die Sache fur die ich verurteilt werden wurde, ist so einwandfrei, dafi ich nur stolz darauf sein durfte."(18.11.43,190) Voir aussi la formule finale de cette missive, oscillant entre l’idee d’etre au soir de sa vie et l’espoir d’un avenir : „Nun Schlufi! Wir haben doch jedenfalls unvergleichlich schone Jahre zusammen erlebt! Und mochten uns noch manche bervorstehen!!" (193) Cette fagon d’apprehender sa situation se retrouve a maintes reprises dans la correspondance et avait deja ete formulee de fagon pregnante dans le paragraphe « present et futur » (35s.)de son ecrit « Apres dix annees » (19-39) redige fin 42 pour Eberhard Bethge, Hans von Dohnanyi et Hans Oster : „ Uns bleibt nur der sehr schmale und manchmal kaum noch zu findende Weg, jeden Tag zu nehmen, als ware er der letzte, und doch noch in Glauben und Verantwortung so zu leben, als gabe es noch eine grofie Zukunft." (35)

[25] Dans les trois lettres l’incomprehension et la deception face a cet ajournement apparait clairement, la difficulte a accepter ce sort transparait egalement dans les trois courriers, mais differemment. Dans la lettre aux parents, le style faisant intervenir les categories de sacrificium et d’intellectus est tres reflechi et maitrise, sans cacher les difficultes a surmonter cette deception : „Liebe Eltern, Es bleibt mir wohl nichts ubrig, als Euch fur alle Falle schon einen Weihnachtsbrief zu schreiben. Wenn es mir auch uber mein Begriffsvermogen geht, dafi man mich moglicherweise noch uber Weihnachten hier sitzen lassen will, so habe ich in den vergangenen 8 1/2 Monaten doch gelernt, das Unwahrscheinliche gerade fur wahrscheinlich zu halten, und mit einem sacrificium intellectus uber mich ergehen zu lassen, was ich nicht andern kann - allerdings ganz vollstandig ist diese sacrificium doch nicht und der intellectus geht im Stillen seine eigene Wege." (17.12.43, 239) A sa fiancee, il annonce qu’ils auront du mal a surmonter cette epreuve et que les tentations de se laisser aller a un certain pessimisme voire nihilisme sont nombreuses, il se veut encourageant et ecrit deja presque du point de vue de celui qui a vaincu son desarroi : „Es wird uns beiden ein paar schwere Stunden kosten - warum sollten wir das voreinander verhehlen? Es wird uns die Unbegreiflichkeit dieser Schickung zu schaffen machen, wir werden von der Frage bedrangt werden, warum zu aller Dunkelheit, die sowieso schon auf den Menschen liegt, uns noch die bittere Qual dieser Trennung, die wir nicht zu verstehen vermogen, auferlegt ist. Wie schwer ist es, das innerlich zu bejahen, was sich dem Begreifen entzieht, wie grofi die Gefahr, sich einem blinden Zufall ausgeliefert zu fuhlen, wie unheimlich schleicht sich in solchen Zeiten Mifitrauen und Bitterkeit in unser Herz und wie leicht nimmt der kindische Gedanke von uns Besitz, als seien wir mit unserem Leben, unseren Wegen und Widerfahrnissen in den Handen von Menschen - (...) dann kommt zu rechter Zeit die Weihnachtsbotschaft und sagt uns, dafi alle unsere Gedanken verkehrt sind und dafi das, was uns bose und finster erscheint, in Wahrheit gut und licht ist, weil es von Gott kommt. “ (13.12.43, Brautbriefe, 95) Mais il n’y a guere qu’a l’ami qu’il est donne de lire la reaction « a chaud » et la profondeur reelle de l’epreuve psychologique dans laquelle le prisonnier se debat : „Der Anwalt hat mich naturlich im Stich gelassen. Dieses Warten ist widerlich. Es ist bei Gefangenen wohl wie bei Kranken und Kindern; was man verspricht, mufi man halten.-„ (16.12.43, 238) „Die letzten Wochen waren psychisch eine schwerere Belastung als alles Vorige. Aber daran ist nun nichts mehr zu andern, nur dafi es schwerer ist, sich in etwas zu fugen, wovon man glaubt, dafi es hatte verhindert werden konnen, als in das Unvermeidliche.“ (18.12.43, 242.)

[26] Voila ce qu’il ecrit a ses parents le 20 fevrier: „Liebe Eltern! Verzeiht, dafi ich in letzter Zeit nicht mehr regelmafiig schrieb. Die Hoffnung, Euch endlich etwas Definitives in meiner Sache mitteilen zu konnen, hat mich die Briefe von einem Tag auf den andren verschieben lassen.(...) Wenn einem mit aller Bestimmtheit erst der Juli 43, dann wie Ihr Euch selbst erinnern werdet, als aufierste Grenze der September 43 als Abschlufi der Angelegenheit zugesichert wird, und es vergeht dann Monat um Monat, ohne dafi sich das Geringste ruhrt, und wenn man noch dazu der zuversichtlichen Uberzeugung ist, dafi sich bei einer Verhandlung, die der Sache auf den Grund geht, alles sehr einfach klaren wurde, und wenn man schliefilich die Aufgaben sieht, die heute draufien auf einen warten — dann kommt man bei allem Bemuhen, Geduld und Verstandnis aufzubringen, doch gelegentlich in die Verfassung, in der man besser keine Briefe schreibt, sondern eine Weile schweigt, erstens weil aus ungeordneten Gedanken und Empfindungen doch nur ungerechte Worte entstehen, zweitens weil das Geschriebene meist langst uberholt ist, wenn es den andern erreicht.“ (20.2., 330)

La lettre a E. Bethge datee du 21 fevrier, n’est pas denuee de reproches a l’encontre de ses proches :„Ich werde nicht ganz das Gefuhl los, dafi etwas zu viel gefingert und phantasiert worden ist und dafi die einfachsten Dinge doch nicht geschehen sind. Ich bin ganz uberzeugt von dem besten Willen aller Beteiligten; aber alzuleicht halt man ein Gesprach, einen Einfall, eine Hoffnung schon fur die Tat (...); das einzige, was von selbst geschehen ware, namlich die Klarung vor Weihnachten, ist verhindert worden. Ob die ubergrofie Bedenklichkeit (...) doch die negative Kehrseite der burgerlichen Existenz ist. “ (21.2., 332f.) Notons egalement que la ou, ecrivant a ses parents, Bonhoeffer parle d’accepter (au terme d’une lutte interieure) des necessites exterieures fort d’une croyance a une necessite interieure („Es ist immer wieder ein kleiner innerer Kampf, sich ganz nuchtern an das Tatsachliche zu halten, sich Illusionen und Phantasien aus dem Kopf zu schlagen und mit dem Gegebenen sich zufrieden zu geben, weil man auch dort, wo man die aufieren Notwendigkeiten nicht versteht, an eine innere und unsichtbare Notwendigkeit glaubt.“ (20.2., 330)), s’adressant a son ami, il s’interroge sur les limites de la resistance et de la soumission au “destin“: “Ich habe mir hier oft Gedanken daruber gemacht, wo die Grenzen zwischen dem notwendigen Widerstand gegen das „Schicksal“ und der ebenso notwendigen Ergebung liegen.“ (21.2., 333)

[27] „Was heifit die Wahrheit sagen?" (DBW 16, 619-629).

Des sa premiere lettre a Bethge, Bonhoeffer lui fait savoir que parallelement a ses travaux plutot litteraires il a aussi commence a rediger un essai sur « qu’est ce que dire la verite » (cf. 18.11.43,189). Les reflexions sur la profanation du mystere au nom de la veracite comme signe de la chute telles que Bonhoeffer les developpe dans une lettre pour la deuxieme semaine de l’avent (cf. 2. Advent, 228f.) se retrouvent dans l’essai (DBW 16, 620-624),- ou inversement. Notons egalement que juste avant d’exprimer sans ambages son ecreurement face a l’attente insupportable a laquelle, « abandonne » par son avocat, il est soumis (16.12.43, 238), Bonhoeffer affirme s’etre remis a la redaction de cet essai et en resume les dernieres pages (15.12.43, 238 correspondant a DBW 16, 626ff.)

[28] „Ubrigens sprach ich gleich am 23. mit Lokies uber die Berufsbelastung, er sah da gar kein Problem fur den Fall, dafi erstmal alle Hullen fallen werden, und bisher konne aus Unkenntnis sich doch niemand ernsthaft mit der Sache in Leitung oder sonst befassen. Er meinte auch nicht, dafi sich schon eine bestimmte erschwerende Allgemeinstimmung Dir gegenuber gebildet habe, dafur hielte er das theologische Vertrauen, das Du genossest, fur zu grofi und unangefochten. Aber er ist naturlich nicht immer ganz durchdringend, sondern durch seine Warme und Wohlwollen, leicht im Urteil getrubt." (von E. Bethge, 2.1., 268)

[29] „Liebe Eltern, (...) ich danke Euch sehr fur Eure Briefe, mir sind sie immer nur zu kurz, aber ich verstehe es ja naturlich! Es ist, als tate sich einen Moment die Gefangnistur auf und man lebt ein Stuck Leben draufien mit." (Himmelfahrtstag, 4.6.43, 91)

„ Es gibt hier in der Zelle keine grofiere Freude als Briefe. (...) Schreibt doch bald wieder! Der nachste Brief geht wieder an Maria." (17.8.43,136)

„Bonhoeffers Lebenselixier in Tegel wurden die Briefe. Auf sie hin und von ihnen her lebte er, und durch sie ubte er eine bezwingende Wirkung aus. Fur sie baute er allmahlich ein ganzes System heimlicher Beforderungsmoglichkeiten aus." (DB 940)

[30] Dans une lettre adressee aux epoux Bethge, Bonhoeffer s’interrompt subitement et s’adresse (entre tirets !) a Renate Bethge en ces termes: Verzeih, Renate, dafi ich gleich wieder in die Theologie komme.

Es sind eben solche Gesprachsfragmente, wie sie in Briefen zwischen Eberhard und mir unvermeidlich sind.-“ (23.1., 289) La premiere lettre deja, devant s’en tenir a l’essentiel, etait prioritairement destinee a Eberhard seul. „Es ware ja so unendlich viel zu berichten, was ich Euch beiden gern erzahlen wollte; aber heute kann es nur das Wesentlichste sein und so gilt dieser Brief Dir allein. Was Du davon weitergeben kannst, weifit Du allein." (18.11.43, 186f.)

[31] (Toujours) dans la premiere lettre a Bethge, Bonhoeffer se disait rassure de savoir l’essentiel de son Ethique conserve dans la memoire de son ami : „Personlich machte ich mir Vorwurfe, die Ethik nicht abgeschlossen zu haben (z. Zt. 1st sie wohl beschlagnahmt) und es trostete mich etwas, dafi ich das Wesentliche Dir gesagt hatte, und wenn Du es auch nicht mehr wufitest, so wurde es doch irgendwie indirekt wieder auftauchen. “ (18.11.43, 188)

[32] „Gibt es nicht bei Seen so etwas wie Klaranlagen?- Du kennst ja meine technische Ahnungslosigkeit - aber irgendsoetwas gibt es und so etwas bist Du fur mich. “ (22.12.43, 252) Voir aussi en plus des citations du 30.4. (402), du 5.5., la lettre du 25.3. (366) et celle de Bethge du 2.3. (345), et a nouveau apres un developpement de ses idees sur le monde devenu majeur, dans la lettre du 17.7., la derniere avant l’attentat manque contre Hitler: „ Verzeih, es ist alles noch furchtbar schwerfallig und schlecht gesagt, ich spure das deutlich. Aber vielleicht hilfst gerade Du mir wieder zur Klarung und Vereinfachung und sei es nur dadurch, dafi ich zu Dir daruber sprechen kann und Dich gleichsam immer fragen und antworten hore!" (17.7., 537)

[33] „Man hat mir gesagt, ich solle mich vorlaufig nicht auf eine Veranderung meines derzeitigen status einstellen, und das nachdem man mir bisher alle 14 Tage neue Versprechungen gegeben hat." (an E. Bethge, 11.4., 391). Cf. Lettre a Maria du 16.4.44 (Brautbriefe, 169)

[34] “Nach langerer Unproduktivitat fuhle ich mich mit dem kommenden Fruhjahr wieder schaffensfreudiger. Ich erzahle Dir das nachste Mal mehr davon. “ (22.4., 399) La lettre suivante, datee du 30 avril, constitue la premiere des « lettres theologiques »

[35] Le sous-officier Linke fut l’un des « facteurs ». Present au bapteme du fils de Bethge, du filleul de Bonhoeffer, il porta a la famille les « Reflexions a I'occasion du Bapteme de Dietrich Wilhelm Rudiger Bethge. »» (Mai 1944, 428-436) auxquelles nous serons amenes a nous referer. „Der Uberbringer dieses Briefes wird Euch zugleich meine herzlichen grufie zum Tauftag und die Anweisung auf ein Patengeschenk, vielleicht auch das Geschenk selbst uberbringen. Ich freue mich sehr, dafi das moglich ist, und Ihr werdet Euch gewifi mit dem freundlichen Uberbringer sehr gut unterhalten. (...) Ich finde es sehr nett von ihm, dafi er diese Verbindung an diesem Tag zwischen uns herstellt." (437) Quelques jours plus tard, Bonhoeffer voudrait savoir comment cela s’est passe; „Wie war es mit dem uberraschenden Besuch?" (21.5., 447)

Par trois fois, Bonhoeffer reprecise l’adresse de ce contact (8.7., 513 ; 16.7. 537 ; 3.8., 556)

A propos de l’autre facteur, sous-officier Knobloch, voir les notes pp.414, 516, 606

[36] De fagon similaire quelques jours plus tard: „ Obwohl ich also gar nicht weifi, ob und wann Dich Post erreicht, schreibe ich Dir unter der bisherigen Feldpostnummer. Aber um das theologische Thema fortzusetzen, mochte ich lieber noch abwarten, bis von Dir eine Nachricht da ist. “ (27.6., 498)

[37] Non sans humour Bonhoeffer lui ecrivit en effet au debut de l’annee 1944 : „ Lieber Eberhard! Carpe Diem - d. h. in diesem Falle, ich nutze jede Gelegenheit, Dir einen Grufi zu schreiben. Erstens konnte ich wochenlang schreiben, ohne ans Ende zu kommen mit allem, was ich Dir zu erzahlen hatte, zweitens weifi man nie, wie lange es noch geht. Und nachdem Du ja doch einmal dazu berufen sein wirst, meine Biographie zu schreiben, so will ich Dir dazu noch moglichst vollstandiges Material zur Verfugung stellen!“ 1.2., 308f.)

[38] Le “theme” peut etre explicite comme dans les lettres de mai-juin, ou non, comme dans les lettres des 8 et 16 juillet ou la meme formule est employee : „Noch ein paar Worte zu den Gedanken uber die Religionslosigkeit. “ (5.5., 414) „Noch etwas zu unseren Gedanken uber das A.T.“ (27.6., 499) „Nun wieder ein paar Gedanken zu unserem Thema.“ (8.7., 509; 16.7., 529)

[39] „Wir mussen es auch riskieren, anfechtbare Dinge zu sagen, wenn dadurch nur lebenswichtige Fragen aufgeruhrt werden.“ (3.8., 555)

[40] „ Ich schreibe nun an der „Bestandsaufnahme des Christentums";(...) Manchmal erschrecke ich uber meine Satze, besonders im ersten kritischen Teil. Ich freue mich daher schon, das Positive schreiben zu konnen. “ (23.(8.), 576)

[41] lettre de Barth a Herrenbruck du 22.12.52, citee d’apres : Barth, Offene Briefe, 325 dans Dinger, 78.

Fin de l'extrait de 103 pages

Résumé des informations

Titre
Les "lettres théologiques" de Dietrich Bonhoeffer
Université
University of Strasbourg  (Université Marc Bloch Strasbourg 2)
Cours
Etudes Germaniques
Note
17/20
Auteur
Année
2002
Pages
103
N° de catalogue
V149956
ISBN (ebook)
9783640609925
ISBN (Livre)
9783640610129
Taille d'un fichier
1751 KB
Langue
français
Annotations
Zitate allerdings in deutscher Sprache. Die Arbeit hat mehr mit Theologie als Germanistik zu tun.
Mots clés
Theologie, 20. Jahrhundert, Philologie
Citation du texte
Andrea Tam (Auteur), 2002, Les "lettres théologiques" de Dietrich Bonhoeffer, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/149956

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